Dylan Roof, l’auteur présumé de la fusillade qui a fait neuf morts, mercredi soir, dans une église noire de Charleston, en Caroline du Sud, a été arrêté jeudi en milieu de journée, à 400 km de là, lors d’un contrôle routier : il n’a opposé aucune résistance. C’est son père qui lui avait offert pour ses 21 ans, en avril dernier, son pistolet Glock 45 semi-automatique. Il avait déjà été arrêté en mars pour possession de drogue et intrusion. C’est un homme du Sud. C’est surtout un « homme blanc » comme le ressassent les médias. De cette affaire, on ressort la haine raciale, suffisamment flagrante, mais aussi la haine des armes à feu…
Crime raciste ? « cette sorte de fierté du Sud… » (un ancien camarade de classe de Roof)
« Un crime de haine » : ce furent les premiers mots du chef de police Greg Mullen. Dylann Roof aurait assisté pendant près d’une heure à une séance d’étude de la Bible avant de se mettre à tirer, rechargeant son revolver par cinq fois. « Je dois le faire. Vous violez nos femmes et vous envahissez notre pays. Vous devez partir ». rapporte un témoin. Sur une des photos de sa page Facebook, on devine deux drapeaux cousus à sa veste, celui de l’apartheid en Afrique du Sud et celui de la Rhodésie avant son indépendance…
Difficile de faire plus criant. L’église épiscopale méthodiste africaine Emmanuel est aussi un symbole, lieu emblématique de la lutte pour les droits civiques fondé en 1816 : l’une des premières églises noires américaines – Martin Luther King y a tenu un discours. Symbole aussi, bien sûr, que cet État de la Caroline du Sud, aux relents d’esclavagisme, où flotte encore, sur le Capitole, le drapeau des Confédérés…
Parmi les neuf victimes se trouvent le pasteur de l’église et sénateur de l’État, Clementa Pinckney, 41 ans – il avait été élu à la Chambre d’état à 23 ans – ainsi que deux hommes et six femmes. Trois personnes ont également été blessées, un enfant de 5 ans a survécu en jouant au mort.
Fusillade de Charleston : un meurtre d’hommes noirs par un homme blanc
Cette affaire survient, de plus, seulement deux mois après la fusillade mortelle d’un homme noir non armé, Walter Scott, par un policier blanc à la ville voisine de North Charleston qui avait généré de grandes manifestations et exacerbé les tensions raciales dans la région.
C’était aisément récupérable – ce que la gauche américaine fait à foison. « Il y a un message d’intimidation derrière cette tuerie, qui fait écho au terrorisme contre les institutions noires » des années 1960, estime dans les colonnes du Washington Post un professeur d’études africaines : Dylann Roof a peut-être agi seul, mais selon l’enseignante, « il perpétue la haine raciale de la suprématie blanche. »
Celui-là, il n’aura pas de problèmes mentaux… ce ne sera pas un fou, un décervelé, un mal-dans-sa-peau. Le massacre sera bien considéré comme un crime de haine, mais le FBI pourrait même parler de terrorisme domestique – « acte qui cherche à intimider une population civile ou à influencer la politique d’un gouvernement par une destruction massive ou un assassinat, et qui survient sur le territoire américain » – ce qui serait largement souhaité par la communauté noire – et d’autres.
Obama : la haine des armes à feu
Deuxième récupération politique : celle de l’interdiction des armes à feu… Il a fallu exactement quatre minutes à Barack Obama pour « politiser » son discours de jeudi après-midi sur la fusillade de Charleston, dans un appel partisan pour le contrôle des armes à feu. Pour avoir la paix, il faut se désarmer tous… La logique est implacable.
Alors nombre d’Américains ont argué que c’est justement cette volonté politique qui a créé ces zones interdites aux armes à feu dont font partie les bâtiments administratifs, les écoles, les hôpitaux et les lieux de culte… A chaque massacre – comme l’ignoble tuerie de l’école primaire Sandy Hook en 2012 – c’est le même discours, mais à chaque fois, ces victimes se sont trouvées incapables de se défendre contre leurs auteurs. Ne transgresseront la loi que ceux qui ont de mauvaises intentions… Dylann Roof s’est trouvé face à une douzaine de personnes sagement désarmées.
Rappelons, au passage, que Clementa Pinckney, élu du Sénat local et victime de la fusillade, avait voté contre le port d’armes cachées et militait pour un contrôle plus strict de la circulation des armes à feu. Un responsable de la très controversée NRA (National Rifle Association) est allé jusqu’à déclarer : « Des personnes sont mortes à cause de ses positions politiques ».
Désarmer pour contrôler
Il est vrai que le port d’une arme, c’est aussi la défense des innocents. Le media américain Breitbart n’a pas manqué d’évoquer le cas de la paroissienne Charl van Wyk, en Afrique du Sud, qui sut empêcher la fusillade d’un groupe nationaliste noir contre une congrégation multi-raciale en tirant avec son revolver sur les assaillants. Un tueur n’en devient pas un, seulement parce qu’il a une arme à feu dans les mains.
Il y a aujourd’hui toute cette frange américaine qui présume d’un mal potentiel inhérent pour désarmer tout un chacun dans la société, en s’appuyant sciemment sur une réalité insécuritaire dont elle porte aussi la responsabilité. C’est l’offensive accrue contre le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique qui garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes. Selon Wikipédia, « la codification du droit de porter des armes dans le Bill of Rights fut influencée par la peur que le gouvernement fédéral pourrait désarmer le peuple afin d’imposer des règles par l’intermédiaire d’une armée de métier ou d’une milice, puisque l’histoire avait montré la façon dont les tyrans éliminaient la résistance en retirant les armes au peuple et en rendant illégal le fait d’en conserver afin de supprimer les opposants politique ».
Un préalable indispensable au totalitarisme. Comme l’ONU, Obama y travaille. Mais la résistance américaine est encore grande.