Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a plaidé lundi en faveur d’une baisse de la rémunération du Livret A, pourtant déjà fixé à seulement 1 % actuellement (le plus bas jamais atteint depuis sa création en 1818), mais dont le taux doit être révisé en août : « Il est hors de question que le taux ne baisse pas au cours de l’année. »
Le taux du Livret A est déterminé par une formule de calcul faisant essentiellement intervenir le niveau de l’inflation, très bas actuellement, au regard des taux du marché monétaire et de l’indice des prix hors tabac. « Il pourrait y avoir une logique à laisser jouer la formule. On verra en fonction des chiffres de l’inflation », soit le 15 juillet prochain, assure Christian Noyer.
Pour une baisse du taux du Livret A
Pour le gouverneur de la Banque de France, la question est importante. Il estime en effet que la rémunération actuelle du Livret A, comme celle du Livret de développement durable qui est identique, constitue « un obstacle de plus en plus fort » à la politique menée par la Banque Centrale européenne, laquelle vise à favoriser, affirme-t-il, la reprise de l’activité économique en Europe. « Nous sommes dans une période où la BCE met en place des moyens considérables pour faire redémarrer l’économie et remonter l’inflation vers notre objectif, explique-t-il. Donc il n’est pas acceptable que l’épargne réglementée soit un obstacle de plus en plus fort à cette évolution. »
Sise à Francfort, l’institution monétaire avait abaissé en septembre dernier son taux directeur, c’est-à-dire le taux auquel les banques lui empruntent, à 0,05 %, un taux qui constitue son plus bas niveau historique.
De ce fait, le taux actuel du Livret A coûte donc plus cher aux banques, mais aussi aux organismes HLM, qui utilisent les fonds de ce produit d’épargne pour construire des logements sociaux. Le rapport annuel de l’Observatoire de l’épargne réglementée, à la publication duquel Christian Noyer assistait lundi, note que ce surcoût a correspondu l’année dernière à la construction d’environ 5.000 logements.
La Banque Centrale européenne contre les épargnants
Le patron de la Banque de France réitère donc sa proposition de ramener le taux du Livret A à 0,75 %, en observant d’une part que ce taux est déjà supérieur à celui de 0,25 % qui devrait être le taux actuel si l’on appliquait mécaniquement la formule ; et d’autre part que les livrets « se concentrent de plus en plus, compte tenu de leur régime fiscal très avantageux, chez les ménages les plus aisés ».
Christian Noyer se moque-t-il ? Ce n’est pas là la raison première de l’augmentation des livrets parmi les Français les plus aisés. C’est tout simplement que, à un taux de 1 % (et bientôt peut-être moins…), le Livret A ne présente quasi plus d’intérêt(s), c’est le cas de le dire, pour les familles françaises susceptibles de n’y déposer que quelques centaines d’euros.
A l’heure où, sous le prétexte de la crise, on multiplie les règlementations sur notre argent et son utilisation, on espère sans doute ainsi que le numéraire qui quittera l’épargne viendra alimenter la croissance.