Il ne reste que peu de temps pour qu’Athènes parvienne à convaincre ses partenaires qu’elle est à peu près prête à passer sous leurs fourches caudines, à condition que cela ne soit pas trop visible, de peur que, sur l’agora, le peuple ne s’enflamme une nouvelle fois. Parmi les questions les plus délicates, celle d’une restructuration de la dette grecque, qui suscite bien des oppositions au sein même des créanciers internationaux.
Tandis qu’Alexis Tsipras multiplie déclarations et explications, espérant ainsi contenter tout le monde, ses partenaires essaient, avec quelque difficulté semble-t-il, d’accorder leurs violons sur le sujet et notamment sur la question de la dette.
Les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, de la Banque Centrale européenne Mario Draghi, de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, et la patronne du FMI Christine Lagarde, ont ainsi étudié vendredi les propositions grecques, qui fait l’objet d’un document de treize pages intitulé Actions prioritaires et engagements, et se sont interrogés sur la viabilité d’une nouvelle aide financière.
La délicate question de la dette grecque
En ce qui concerne les propositions déposées par Alexis Tsipras, il semble que l’on soit, même si on ne cesse de le dire depuis des semaines, aussi près d’un accord que possible. Tout simplement, parce que le premier ministre grec a fini par accepter la majorité des propositions dictées par ses partenaires, contre lesquelles pourtant le peuple grec croyait avoir voté dimanche dernier.
Mais il n’en va pas de même en ce qui concerne la dette grecque. Pour le FMI, il paraît nécessaire d’envisager une restructuration de cette dette, ce que Bruxelles semble encore assez loin d’accepter.
Christine Lagarde l’a dit tout net il y a quelques jours : il convient que cette dette soit « viable » pour la Grèce. Elle envisage donc une restructuration (« une restructuration de la dette (…) est selon nous nécessaire dans le cas de la Grèce afin qu’elle ait une dette viable »), tout en précisant, peut-être pour faciliter les discussions avec Bruxelles, qu’il ne s’agit nullement d’un « traitement de faveur ».
La difficulté vient du fait que Bruxelles n’y est guère favorable – et l’Allemagne pas du tout. Angela Merkel, qui souligne que cette question de la viabilité de la dette n’est pas une première, déclarait avec fermeté jeudi : « J’ai dit qu’une décote classique était hors de question pour moi et cela n’a pas changé entre hier et aujourd’hui. »
Pour Berlin, une restructuration est inenvisageable
Il faut dire que le chancelier allemand fait l’objet d’une bronca au sein de son propre parti, où plus de cent députés s’opposent très nettement à tout nouveau plan de sauvetage pour la Grèce.
Il est vrai que le vice-chancelier, Sigmar Gabriel, est, lui aussi, très en pointe contre l’idée de faire de nouvelles concessions à Athènes. Or, comme il se trouve être également le patron du parti social-démocrate, on imagine facilement les difficultés qui seraient celles d’Angela Merkel si elle faisait mine d’accepter tout fléchissement dans sa position vis-à-vis de son homologue grec. L’opinion publique, très remontée, ne le lui pardonnerait vraisemblablement pas.
La chose est tellement claire que le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, tout en reconnaissant jeudi que l’effacement d’une partie de la dette de la Grèce pourrait être nécessaire pour la rendre supportable, en a aussitôt exclu l’éventualité, en se retranchant derrière la loi européenne : « La soutenabilité de la dette ne peut être atteinte sans décote, le FMI a raison de le dire, a-t-il souligné lors d’une conférence organisée par la Bundesbank à Francfort. (…) Il ne peut y avoir de décote car cela serait contraire aux règles de l’Union européenne. »
La prospective, en ces conditions, devient extrêmement délicate. Mais il est sûr que, à continuer ainsi, Alexis Tsipras va rapidement se retrouver dans uns situation intenable, pris entre ses partenaires internationaux et son peuple.