Le tribunal administratif de Montpellier a donné raison, jeudi, à Robert Ménard et reconnu qu’il était dans son droit en installant une crèche de la nativité dans son hôtel de ville à Béziers, lors de la dernière fête de Noël. Les juges ont donc rejeté la plainte des opposants qui craignaient que la laïcité n’en soit affectée.
« L’installation de cette crèche ne peut être regardée comme ayant le caractère d’une présentation revendiquée de symboles de la religion chrétienne », ont déclaré les juges, à l’encontre des recommandations du rapporteur public. « Cette année, il y aura donc une très belle et très grande crèche à l’entrée de la mairie », répond le maire de Béziers.
La victoire est d’autant plus belle pour Robert Ménard que le rapporteur public, dans ses conclusions, avait demandé, à l’audience du 30 juin, l’annulation de la décision du maire, en affirmant notamment que la crèche portait « atteinte au principe de laïcité, de liberté de conscience et de neutralité de l’Etat ».
La crèche reconnue par le tribunal
Pas suffisant. Car si, dans son jugement, le tribunal relève que cette « crèche de nativité (…) constitue l’exacte reproduction figurative de la scène de la naissance de Jésus de Nazareth, telle qu’elle est décrite dans l’évangile selon Luc » et « qu’ainsi elle a une signification religieuse », il souligne néanmoins que « l’installation de cette crèche a constamment été présentée (…) comme une exposition s’inscrivant dans le cadre d’animations culturelles (…), sans qu’aucun élément du dossier ne vienne révéler une intention différente et/ou la manifestation d’une préférence pour des personnes chrétiennes ». Elle ne peut donc, poursuit-il, « être regardée comme ayant le caractère revendiqué de symboles de la religion chrétienne ».
Du côté des plaignants, la déception est vive. « Le tribunal semble considérer que dès lors que l’atteinte au principe de laïcité se fait sans preuve d’une discrimination, et sous couvert de culture, il n’y a pas de problème », déplore Sophie Mazas, avocate et présidente de la section départementale de la ligue des droits de l’homme, à l’origine de la plainte aux côtés d’un habitant de Béziers, et qui entend bien faire appel de cette décision. Mais n’est-ce pas, Madame, ce que l’on oppose aux chrétiens, comme un hommage que l’erreur rendrait à la vérité, dès qu’il ne s’agit plus du christianisme ?
« Ce jugement est historique contre tous les laïcards qui veulent s’imposer, rétorque pour sa part Robert Ménard. Moi, je suis laïc, et la crèche est un élément culturel car notre pays est de culture chrétienne. »
A Béziers, le maire peut avoir son petit Jésus
Sur Boulevard Voltaire, le maire de Béziers précise : « (…) Au fond, la gauche n’est plus que sur la défensive. La réactionnaire, c’est elle. La conservatrice, qui essaye de conserver les “acquis” de Mai 68, c’est elle. Elle a peur de la révolution qui vient. La gauche vit dans le cauchemar de la parole libérée, de l’action libératrice, du retour de la vitalité et de la volonté. »
Rappelons que, le 22 décembre, le tribunal administratif de Melun avait lui aussi autorisé la mairie de la ville à conserver sa crèche, jugeant, lui aussi, qu’il s’agissait d’une tradition et non d’un emblème religieux.
Quoi qu’il en soit, le jugement qui vient d’être rendu pourra servir aussi de boussole au préfet de l’Hérault, qui, en décembre dernier, avait invité – vainement – le maire de Béziers à réviser son projet.
Après tout, si le petit Jésus demeure une référence culturelle pour notre pays, c’est, tout de même, une victoire de la réalité sur l’idéologie.