Le garçon invisible est une étrangeté, une rareté, un film de superhéros européen, italien précisément. Il ambitionne de donner une dimension intellectuelle, esthétique, à un sous-genre défini outre-Atlantique par ses outrances et son simplisme, à tous les niveaux. Le garçon invisible est un titre explicite qui résume bien l’action : un garçon de 13 ans devient subitement transparent, aux yeux des autres comme aux siens propres. Est-ce pour autant une fable sur l’adolescence ? Dans une certaine mesure, oui, mais le réalisateur a fait le choix de traiter son histoire au premier degré, et de trouver une explication, singulière, à ce curieux phénomène. Cette chronique d’un monde collégien, non idéalisé, avec ses professeurs et ses parents, bascule dans un curieux film reprenant les codes de l’espionnage, où il est question d’une redoutable agence paramilitaire russe, se servant de cobayes humains, et, bien sûr, d’hommes de main – curieusement maladroits. Le spectateur hésite alors entre reconnaître un grand film bizarre, une symphonie fantastique, ou déplorer une dommageable confusion des genres.
Le garçon invisible
Le garçon invisible séduit néanmoins par sa sensibilité, le traitement des personnages italiens, et le fait si rare d’avoir su saisir une vive, mais encore chaste tendresse amoureuse, entre le héros et la belle gymnaste de son âge, élue de son cœur. Réalité émouvante, et danger à signaler aux parents, en les invitant à faire preuve de compréhension, délicatesse et attention, car ces passions à la fois précoces et violentes – au niveau des émotions – sont rarement réciproques, et par là destructrices. Ici, ils sont heureux, et le spectateur s’en réjouit pour eux. Finalement ce charme diffus emporte l’adhésion d’un public bienveillant. Il est renforcé en de nombreuses scènes par une dimension fantastique, au moins durant la première moitié du film. La ville de Trieste est belle, et bien mise en valeur. Malgré son caractère pour le moins baroque, l’intrigue s’avère au final assez bien construite et servie par un montage fluide, avec de rares exceptions justifiées. Le garçon invisible reste donc une curiosité fort sympathique pour amateurs de fantastique.