Ant-Man, l’homme-fourmi, est un des superhéros les plus extravagants dans l’univers des comics de Marvel, où la concurrence est pourtant rude. Grâce à une combinaison mystérieuse, suivant une technologie très avancée mais irréaliste, un inventeur, puis un cambrioleur au grand cœur – concept étrange issu d’une morale progressiste – peuvent réduire leur corps à la taille d’une fourmi. Ils communiquent aussi avec ces fascinants insectes collectivistes. Grâce à de mystérieuses ondes télépathiques, ils peuvent même les contrôler. Ant-man doit empêcher un superméchant de réaliser une invention semblable. L’ensemble se veut un spectacle tout-public, visible donc pour les enfants mais sans ennui pour les adultes. Avec un tel cahier des charges, on craignait un énième désastre cinématographique.
 

Ant-man

 
Il faut donc saluer l’exploit du réalisateur, puisque son film n’est pas complètement manqué ni même totalement idiot. Il comporte parfois de belles images, évocations presque poétiques du micro-univers des fourmis, ou même d’une baignoire devenue une immense dépression minérale. Les meilleurs moments font songer au Voyage Fantastique (1966), modèle jamais égalé. Malgré quelques longueurs, le rythme d’ensemble reste relativement soutenu, suffisamment en tout cas pour maintenir l’attention. L’intrigue n’est pas coupée par de trop longs monologues moralisants ou des explications pseudo-scientifiques. Les tentatives d’humour, maladroites, restent heureusement contenues. Le fantastique est quasiment assumé, et c’est tant mieux.
 
On déplorera toutefois quelques faiblesses. Les personnages restent primaires, l’intrigue s’avère trop prévisible, ce qui n’aide pas à la qualité du spectacle. Rien de neuf sous le soleil sur ces points, faiblesses récurrentes des nombreuses transpositions récentes de comics. On s’agacera seulement d’une nouveauté : le message en faveur de la famille recomposée harmonieuse. Qu’un père qui a subi le divorce essaie de ne pas trop mal s’entendre avec le beau-père de sa fille, dans l’intérêt de l’enfant, est compréhensible. Voila pourtant un triste modèle de vie familiale pour les jeunes spectateurs. Il s’agit donc d’une contestable nouveauté dans un sous-genre, qui, avec tous ses défauts, était resté jusque-là d’un remarquable conservatisme sociétal.
 

Hector Jovien