Le marché du porc breton (MPB) de Plérin, dans les Côtes-d’Armor, marché de référence puisqu’il fixe le prix du porc français, est resté fermé jeudi en raison de l’absence des deux principaux industriels du secteur, Cooperl et Bigard-Socopa, déjà absents lundi, qui tiennent ainsi à protester contre l’exigence qui leur est faite d’accepter un cours de 1,40 euro le kilo qu’ils jugent trop cher.
Tandis que les producteurs réclamaient une réunion d’urgence avec les services du premier ministre, Daniel Picart, président du MPB, expliquait que des négociations étaient en cours pour une cotation exceptionnelle ce vendredi. Sans certitude aucune…
De fait, les agriculteurs avaient plutôt en tête de faire pression sur Manuel Valls que de tenir séance, malgré les difficultés que ce manque de ventes provoque pour la plupart d’entre eux, tant du côté financier, que par la difficulté de gérer des stocks de bêtes non vendues.
La crise du marché du porc
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, annonçait peu après avoir discuté par téléphone avec les deux industriels, affirmant que Bigard s’était engagé à maintenir son volume d’achat hebdomadaire de 90.000 bêtes – quelque 62.000 devaient être présentées à la vente jeudi à Plérin.
Affirmant ne rien pouvoir faire de plus sur le marché de Plérin parce qu’il s’agit d’une association type loi 1901 sur laquelle il n’a aucune prise juridique, le ministre appelait chacun à prendre, ensemble, ses responsabilités : « Il n’y aura pas de solution si chacun n’est pas capable d’avoir une démarche d’ensemble, à la fois sur la cotation, l’organisation de la filière et les grands enjeux. »
Il semble cependant que les producteurs n’en soient plus là, au point de s’interroger sur la pertinence du système actuel de cotation bihebdomadaire. Le syndicat FNSEA s’interrogeait ainsi mercredi sur la mise en place de contrats entre producteur, abatteur, transformateur et distributeur.
De fait, la situation est « extrêmement grave », comme l’a souligné le président de l’union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), Michel Bloc’h, en appelant l’Etat à la rescousse : « Les producteurs sont essoufflés d’un point de vue trésorerie, ils ne pourront pas supporter des cours malheureusement qui risquent de baisser très fort. Il faut que l’Etat entende ce discours là. »
Les producteurs bretons font pression sur le gouvernement
Face aux propos mi-figue mi-raisin de son ministre de tutelle, Michel Bloc’h a souligné : « C’est un peu une guerre des nerfs qui se joue, mais pas avec des entreprises d’abattage qui ont quitté le marché, mais avec l’Etat qui refuse d’entrer dans le discours de la compétitivité. »
Et puisque le gouvernement fait mine de ne pas comprendre, il lui a proposé quelques pistes, demandant notamment que « les charges sociales qui pèsent sur les salariés de l’agroalimentaire soient diminuées ».
En attendant, les producteurs n’entendent pas relâcher la pression, et promettent de continuer leurs diverses actions de blocage tant que la situation ne sera pas débloquée…