Oriana Fallaci (1929-2006) est une célèbre journaliste italienne, essayiste, correspondante de guerre. Elle a été aussi une actrice politique engagée, militante féministe, progressiste. On se permettra de ne pas du tout partager ses convictions générales, très affirmées, avec constance, fort à gauche, et doublées d’un athéisme explicite. Le biopic tend à l’hagiographie, ce qui est – hélas ! – une loi du genre. Le spectateur parcourt quelque peu l’histoire du vingtième siècle, avec pour moments-clefs les reportages de Mme Fallaci dans le monde musulman, le Vietnam en guerre, ou la dictature grecque des colonels. Le film est efficacement construit, sans ennui. Les scènes historiques tiennent souvent de la reconstitution photographique juste.
Cette biographie d’Oriana Fallaci glisse quelque peu, cependant, sur la difficulté majeure que présente la défunte pour notre époque : sa franche détestation de l’islam, au nom de la place de la femme, en effet peu valorisée, pour dire le moins, dans la société musulmane ; pire encore, elle évoque la tendance de cette croyance à faire régresser régulièrement les sociétés qu’elle domine vers la barbarie. Cela est toutefois évoqué, à travers certains écrits et citations de la journaliste. Mais le film occulte totalement les réactions hystériques de la grande majorité de ses anciens amis de gauche après son pamphlet La Rage et l’Orgueil (2002), aux expressions parfois excessives, mais à la pensée générale assez juste, avec la dénonciation d’un danger d’islamisation de l’ancienne chrétienté européenne, parfaitement reconnu et dénoncé.
“Oriana Fallaci” : un film intéressant sur un personnage majeur en Italie
Cette lucidité sur l’islam ne l’exonère pas des erreurs habituelles de la gauche européenne, dont une haine de principe du régime du Sud-Vietnam, ou de celui dit des colonels grecs, avec, pour corollaire, un soutien sans aucune nuance ni esprit critique à leurs oppositions. Quant au féminisme, il a détruit la famille, base de la société européenne, ce qui explique largement sa fragilité face au péril islamique – ce que n’a pas compris, semble-t-il, Oriana Fallaci. Son prophétisme atteint là ses limites.
Mais, de façon générale, le film est intéressant par sa dimension historique, et l’évocation d’un personnage majeur en Italie.