« Je prie pour le climat. Je jeûne pour le climat. J’agis pour le climat ». Quand on épluche la longue série de tweets de « COP21 Église » qui communique à hue et à dia depuis la mi-mai, pour préparer la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris (30 novembre-11 décembre), on reste édifié ou plutôt atterré. L’engagement politique et humaniste en faveur de l’écologie était déjà prégnant dans Laudato Si. Il est ici magistralement déployé. On marche pour la COP21, on pédale pour la COP21, on trie – et on prie – pour la COP21… nouveau phare qui doit éclairer le sens de notre vie et donner une raison à nos faits et gestes. La communication officielle de l’Église catholique, soutenue par la Conférence des évêques de France, rentre à merveille dans ce moule écologiste qui n’est pourtant pas le sien, ce beau moule vert qui pourrait devenir très, très étouffant…
La COP21 : « le moment opportun pour bâtir un monde commun »
« L’Église catholique, portée par la parution, le 18 juin 2015, de l’Encyclique du Pape François sur l’écologie humaine, s’engage avec une approche singulière sur les enjeux climatiques. Dans le sillon des préparatifs de la COP21, l’Église interpelle les chrétiens sur la sauvegarde de la création. Elle invite à un chemin de conversion vers une sobriété heureuse avec l’adoption de modes de vie plus respectueux de l’environnement. »
Se convertir à la sobriété et au bonheur – on employait jadis le mot « conversion » pour un programme autrement plus grave.
« Quels enjeux pour les religions… ? » questionne l’un des tweets. Sans doute faudrait-il plutôt se poser la question de l’enjeu, pour l’Église catholique elle-même, de son nouvel engagement militant en faveur du « climat »…
Un unique objet : l’homme, mais en tant que soumis aux impératifs du développement durable
De fait, l’écologie se retrouve « en tête des nouvelles priorités de l’Église », comme l’écrivait mi- avril Patrice de Plunkett. Est-ce vraiment sa place ? On ne niera pas le bien-fondé de la réduction du « gaspillage alimentaire » et de la « sobriété » quotidienne… Mais l’enjeu général semble nettement au-delà. Certes, « il faut garder la terre afin qu’elle puisse continuer d’être, comme Dieu la veut, source de vie pour la famille humaine tout entière » (François).
Mais enfin, croire ou faire croire que le sens profond de cette saine et naturelle écologie humaine qui respecte l’homme et la nature en tant que créations respectives de Dieu, est le même que celui que prône ou plutôt impose les pouvoirs politiques de l’heure, est méprise absolue ou odieuse tromperie.
« COP21 Église » retweete le cardinal Vingt-Trois : il faut « réfléchir sur la place de l’homme dans l’univers ». Et bien, il semble que Dieu nous a définis à notre place, il y a déjà bien longtemps. Et que l’urgence de la mission de l’Église n’est pas tant de sauver le monde que de sauver ses hommes… ses âmes. Peut-on aller jusqu’à dire, comme Mgr Theotonius Gomes, que « le réchauffement climatique [est] un enjeu spirituel pour l’humanité » ?
Peu à peu, l’on brouille les dimensions et les hiérarchies se modifient. Mgr Grua, évêque de Saint-Flour, écrit : « Les 3 relations vitales avec Dieu, le prochain et la terre ont été rompues à l’intérieur de nous ». Que restaurer en premier ?!
Laudato Si – au sous-titre explicite, « Sur la sauvegarde de la maison commune » – donne presque la réponse, ode à « sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe. » Certes, son « écologie intégrale » est dite non « compatible » avec « la justification de l’avortement », « l’effacement des différences sexuelles », « la culture du relativisme »… Mais dans cette course à l’engagement climatique, on n’en entend plus guère parler – aucun tweet, du moins, en ce sens – alors que l’on sait bien que parmi les objectifs des grandes instances mondialistes, la fameuse « autonomisation » des femmes et des jeunes filles passe par le contrôle accru de leur reproduction.
L’Église catholique, main dans la main avec la politique écologiste ?
On ne voit, une fois de plus, aucune remise en cause du sacro-saint principe du réchauffement climatique. C’est avéré, aucun des scientifiques qui contestent un tant soit peu cette thèse, ou qui nient que l’homme soit le grand responsable du changement climatique n’ont jamais été reçus par le Vatican… Le « dialogue » pour tous de Laudato Si ne l’est que pour certains. En bon suiveur, le fil tweeter « Cop21 Église » ne relaie que l’AFP selon laquelle, « les réfugiés climatiques pourraient être 200 à 250 millions, d’ici 2050 »… Bourrage de crâne.
Ses inspirateurs ? Pas les meilleurs. Presque uniquement ceux qui participent à la grand-messe médiatique et politique du mouvement : Nicolas Hulot, mais aussi Edgar Morin, vieil ami de Stéphane Hessel, qui prônait déjà dans son Terre-Patrie de 1993, « une religion terrienne du troisième type (…), une religion qui serait en rupture avec les religions du salut céleste comme avec les religions du salut terrestre (…) une religion qui comporterait une mission rationnelle : sauver la Planète, civiliser la Terre, accomplir l’unité humaine et sauvegarder sa diversité ».…
Ainsi, ce vieux consensus qui veut faire de la réduction des inégalités et de la protection de l’environnement – les deux thèmes sont parfaitement liés dans Laudato Si – l’une des priorités majeures des croyants, apparaît plus vivant que jamais. « COP21 Église » cite à juste titre Nicolas Hulot : « Le pape François sacralise l’enjeu écologique »
Les promoteurs de Laudato Si
Faut-il rappeler que le Vatican s’était adjoint pour présenter l’encyclique, aux côtés du Cardinal Turkson, les services de deux personnalités pour le moins ambivalentes : John Schellnhuber, un extrémiste du « réchauffement climatique anthropique », un mondialiste avéré du climat qui milite pour la décroissance et la journaliste altermondialiste Naomi Klein pour qui « l’amour sauvera la planète »? Un article de LifeSiteNews avait fait remarquer que lors de la conférence organisée par l’Académie pontificale des sciences, quelques jours après la publication de l’encyclique, sur le thème « Esclavage moderne et changement climatique », tous les maires et gouverneurs invités au Vatican étaient des hommes de gauche, militants de l’avortement et des « droits » LGBT.
L’Église catholique marche dangereusement aux côtés de ceux pour qui l’écologie est un objectif politique et à terme… éthique et religieux, à même de constituer le paganisme idéal, à la fois nécessaire et contraignant, merveilleux catalyseur des multiples agissements humains.
« L’Empire écologique » de demain
D’ailleurs toutes les religions sont concernées et doivent prendre leur part dans cette lente élaboration. Le climat œcuménique moderne le facilite. « COP21 Église » n’a pas cessé de citer les participants de tous ces colloques, de Martin Kopp, plaidoyer de la Fédération luthérienne mondiale pour la « justice climatique », à Tarik Bengarai qui parle des grandes finalités de l’islam, en passant par le Rabbin Michaël Azoulay, et Bouddha…
Autant s’unir. C’est précisément ce qui est souhaité – jusqu’à la fusion ? « Les religions doivent nous aider placer la COP 21 à un enjeu supérieur » avait dit Nicolas Hulot. Une promesse est au bout : la Paix. Qui n’en voudrait pas ?!