Réagissant lundi au ralliement de l’Allemagne à la proposition européenne de répartition des migrants par quotas, Viktor Orban a estimé que cette discussion était prématurée. Alors que l’Allemagne a annoncé avoir débloqué 6 millions d’euros supplémentaires à cet effet, le premier ministre hongrois souhaite que l’Europe apporte plutôt un soutien à la Turquie permettant de traiter ces problèmes en amont.
Avant toute discussion « honnête », c’est-à-dire sans imposition catégorique de Bruxelles, Viktor Orban entend que le problème soit traité d’abord à sa source. « Tant que l’Europe ne pourra protéger ses frontières extérieures, la discussion du sort de ceux qui affluent n’aura pas de sens, explique-t-il. Quand nous aurons verrouillé la frontière extérieure et stoppé ainsi l’immigration illégale, nous pourrons alors évoquer les solutions. »
Pour Viktor Orban, il est prématuré d’établir des quotas de migrants
« Il serait beaucoup plus sensé que l’Union européenne établisse un fonds (…) à partir duquel, en accord avec les pays qui sont importants pour nous, comme la Turquie, nous pourrions fournir un soutien pour traiter le problème des réfugiés dans ces pays », précise le premier ministre, en butte à la vindicte de ses partenaires européens pour ces décisions récentes sur le sujet, et notamment pour son mur de barbelés érigé sur sa frontière commune avec la Serbie.
Dans un entretien accordé à la chaîne autrichienne ORF, il précise aussi que, contrairement à certaines affirmations trop rapides, la Hongrie n’a pas l’intention de tirer sur les migrants qui tentent de traverser cette clôture de barbelés en cours d’établissement. « Ce n’est pas nécessaire parce qu’il y aura une clôture impossible à franchir, explique-t-il en effet. Ceux qui voudront quand même franchir la clôture devront être arrêtés et poursuivis. L’usage des armes ne sera pas nécessaire. »
De son côté, l’Allemagne, qui connaît actuellement un afflux record de migrants, va donc débloquer six milliards d’euros supplémentaires pour la prise en charge des demandeurs d’asile et des réfugiés. L’Etat fédéral va notamment mettre trois milliards à la disposition des Etats régionaux et des communes qui assurent l’hébergement des demandeurs d’asile.
Du premier ministre hongrois au maire de Roanne
La plupart des politiques européens applaudissent la position allemande, et dénonce la décision hongroise. L’air du temps est ainsi fait que toute réflexion sur le sujet est considérée comme l’expression d’on ne sait trop quel racisme. Ainsi Yves Nicolin, le maire Républicain de Roanne, est-il aujourd’hui montré du doigt pour sa formule : « Oui à la générosité, mais pas à la générosité aveugle ! »
Une affirmation qu’il explique pourtant en trois points très clairs :
1. « Il n’est pas question de dire, je ne veux que les chrétiens ou que les musulmans. C’est une question de sécurité. On est dans l’urgence. Et ceux pour lesquels on aura le plus rapidement une analyse, ce sont les chrétiens. On a la quasi-certitude qu’ils ne seraient pas infiltrés par d’éventuels membres de Daesh. »
2. « Il est quand même clair que les membres de Daesh sont des musulmans radicaux, extrémistes, terroristes. Après, parmi les musulmans, évidemment qu’il n’y a qu’une infime minorité de terroristes, mais c’est plus difficile de faire la part des choses. Il faut des enquêtes, cela prend du temps et aujourd’hui on nous demande de répondre dans l’urgence. »
3. « Je sais que ma position est mal comprise par certains. Mais être généreux, cela ne veut pas dire être irresponsable. Je suis garant de la sécurité de mes concitoyens dans ma ville. Si demain, il y a un problème dans un bus ou dans une église, contre qui va-t-on se retourner ? »
Avant de se lancer en de longues diatribes critiques à son encontre, les bonnes consciences pourraient peut-être interroger ses concitoyens ?