Accord historique : l’Europe se condamne à l’immigration forcée

Accord Europe Immigration Forcée
 

Après des années de marchandages, le Pacte asile et migration, présenté par la Commission de Bruxelles en septembre 2020 a été adopté par le parlement européen et par le Conseil des ministres des Etats membres. Ursula von der Leyen a parlé d’« accord historique » et la présidente du PE, Roberta Metsola, d’« accord législatif le plus important de ce mandat ». Un collectif d’ONG a déploré un « échec historique » et le socialiste Damien Carême estime que l’accord « fait honte aux plus belles valeurs de l’Europe ». Mais il s’agit en fait, sous couleur de « solidarité », de l’obligation de partager les migrants, notamment en cas de crise : l’accord condamne l’Europe à l’immigration forcée.

 

L’accord historique utilise les anti-immigration

La règle actuellement en vigueur prévoyait que le premier pays d’entrée dans l’UE d’un « demandeur d’asile » est en gros responsable de son dossier. Responsable, le grand mot est là : l’Europe méditerranéenne, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, directement soumis aux flux de l’immigration, se trouvait forcée, pour sauver sa peau, d’exercer une certaine surveillance – que les ONG et l’Union européenne affaiblissaient sans cesse. Il y avait donc un semblant de résistance à l’invasion. Mais ces pays méditerranéens, l’Italie de Georgia Meloni en particulier, se plaignaient de supporter seuls toute la charge de l’immigration et en demandaient la répartition dans l’Europe entière. C’est ce qui vient d’être accepté. Les « migrants » seront dépêchés dans tous les pays membres. On voit par-là que la révolution mondialiste en cours s’accommode, et même s’aide, de politiciens qui se revendiquent anti-immigration pour promouvoir ses « réformes ». Le ministre de l’Intérieur « d’extrême droite » Matteo Piantedosi s’est félicité de ce « grand succès pour l’Europe et pour l’Italie, qui pourra désormais compter sur de nouvelles règles pour gérer les flux migratoires ».

 

Des dispositions sans effet sur l’immigration

Sans doute peut-on expliquer sa satisfaction par un des points de l’accord, qui explique aussi l’opposition bruyante de la gauche. Il s’agit du « filtrage » des « demandeurs d’asile » à leur arrivée, assorti d’une « procédure à la frontière » pour ceux qui sont statistiquement les moins susceptibles de l’obtenir : ils seront retenus dans des centres d’où ils seront renvoyés plus rapidement vers leur pays d’origine ou de transit. La procédure s’appliquera aux ressortissants de pays pour lequel le taux de reconnaissance du statut de réfugié, en moyenne dans l’UE, est inférieur à 20 %. Le Conseil a insisté pour que même les familles avec enfants de moins de 12 ans y soient soumises. Mais le Parlement a obtenu des garanties sur un mécanisme de surveillance des « droits fondamentaux » dans ces procédures, sur les conditions d’accueil des familles avec jeunes enfants et l’accès à un conseil juridique gratuit pour les immigrés, a indiqué l’eurodéputée française Fabienne Keller, rapporteur de l’un des textes. Cela garantit l’inefficacité de la procédure.

 

La Hongrie condamne l’accord historique

Car il s’agissait surtout de faire accepter par des apparences de fermeté la disposition centrale : le règlement sur les situations de crise et de force majeure, applicable en cas d’afflux massif de migrants dans un Etat de l’UE, comme lors de la crise des réfugiés de 2015-2016. Il prévoit là encore une solidarité obligatoire, c’est-à-dire la répartition des « migrants » entre les Etats membres au prorata de leur taille. Les voilà tous condamnés à l’immigration forcée par ce texte. On comprend que la Hongrie de Viktor Orban ait dit non par la voix de son ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto : « Nous rejetons ce Pacte migratoire avec force », a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto. « Nous ne laisserons entrer personne contre notre volonté. »

 

Le débat : immigration forcée ou immigration refusée

Comme dans le récent débat sur la loi immigration à l’Assemblée nationale, s’opposent ceux qui veulent perpétuer la politique d’immigration, avec plus ou moins d’aménagements, et ceux qui veulent y mettre un terme. Dans cette question sans échappatoire, les quelques mesures restrictives prévues par l’accord historique, comme le régime dérogatoire moins protecteur pour les demandeurs d’asile qu’’aujourd’hui, avec un allongement possible de la durée de détention aux frontières extérieures, ne pèsent pas lourd : elles permettent aux ONG de faire leur ramdam habituel sans fournir la moindre solution sérieuse.

 

Pauline Mille