Bien qu’il n’ait rien du « jeune et beau Dunois », comme chantait le Second Empire, et qu’on doute qu’il aille prier Marie, la Reine immortelle, de « bénir ses exploits », François Hollande veut partir pour la Syrie, afin d’y porter, au moyen de frappes aériennes, le fer contre les positions de l’Etat islamique.
Une semaine après avoir annoncé l’engagement de l’aviation française en Syrie, François Hollande a réitéré sa volonté de partir. « Nous avons commencé des vols de reconnaissance permettant d’envisager des frappes si c’était nécessaire, et ça sera nécessaire en Syrie », a-t-il ainsi déclaré lundi à l’occasion d’une rencontre avec son homologue nigérian, Muhammadu Buhari.
Le rapport tient évidemment au terrorisme islamiste qui sévit également au Nigeria, du fait du groupe Boko Haram, cette « secte odieuse », selon les termes du président français, qui multiplie les attentats dans la région du lac Tchad. « Boko Haram est lié, nous le savons, à Daech, et donc reçoit des aides et soutiens de ce groupe. Lutter contre Boko Haram, c’est lutter contre Daech, et nous ne pouvons plus distinguer les terrorismes selon les régions. C’est le même terrorisme inspiré par les mêmes idéologies de mort », a observé François Hollande.
François Hollande veut partir pour la Syrie
Pour le reste, on ne sait ce qu’il a pu exactement promettre à Muhammadu Buhari, mais celui-ci n’a pas hésité à déclarer que l’objectif des pays de la région était d’en finir avec Boko Haram d’ici le mois de mai prochain.
Du président nigérian ou de son homologue français, on ne sait lequel pèche le plus par optimisme…
En attendant, et alors que, jusqu’ici, la France s’était contentée de joindre ses forces aux interventions de la coalition internationale contre l’Etat islamique, mais en Irak seulement, François Hollande part en guerre. En Syrie, et vraisemblablement, bien qu’il n’ait pas évoqué ce point lundi, contre Bachar el-Assad également – à moins que, là aussi, sa position n’ait évolué.
On ne sait trop les raisons de cette évolution de réflexion et de stratégie, le chef de l’Etat ne s’étend guère étendu sur la question. Elle est dans la suite logique, en tout état de cause, des propos tenus face à l’importance, à l’ampleur de l’exode syrien vers l’Europe, et donc la France.
Les raisons du revirement français
Il va de soi que, dans ses propos officiels, François Hollande ne peut qu’évoquer la gestion de la misère et des réfugiés à leur arrivée en Europe. Mais, sur le plan politique, ce raz-de-marée de réfugiés et de migrants, dont les conséquences, tant humaines qu’économiques, peuvent à terme se révéler catastrophiques, doit être stoppé à sa source. Pour ce faire – en ce qui concerne du moins ceux qui fuient véritablement la terreur, et ne sont donc pas de simples réfugiés économiques – il faut parvenir à arrêter la progression de l’Etat islamique – entre autres…
D’où les vols de reconnaissance décidés par François Hollande, qui ont débuté mardi dernier. Et qui pourraient être suivis prochainement de frappes aériennes.
Cela dit, François Hollande fanfaronne un peu vite. Il n’est pas le premier à partir en Syrie. Les Britanniques ont déjà frappé certains de leurs ressortissants engagés en Syrie aux côtés des djihadistes, et se sont dit prêts à recommencer. Le parlement néerlandais s’est prononcé, la semaine dernière, en faveur de bombardements en Syrie ; etc. Dans bon nombre de capitales européennes, en définitive, la question est à l’ordre du jour.
Une nouvelle fois, le président français fait donc mine de prendre, seul, en tout cas avant les autres, une décision qu’en réalité il ne fait que rejoindre après avoir constaté le consensus européen à son sujet.