Le porc breton dans la tourmente des prix

Porc breton tourmente prix
 
Le groupe Bigard a décidé d’acheter désormais ses porcs à 1,329 euro le kilo au lieu du prix de 1,40 euro réclamé par les éleveurs, et de l’actuel cours de 1,372 euro au Marché du porc breton, qui constitue le prix de référence. Cooperl Arc Atlantique pourrait rapidement suivre si aucune réforme n’est prise en urgence. Après quelques semaines de calme relatif, le porc breton est de plus en plus dans la tourmente.
 
L’annonce est, en effet, loin d’être anodine. Le groupe Bigard transforme chaque semaine quelque 100.000 porcs. Et cela constitue une première depuis la création du Marché il y a plus de quarante ans. Son président, Daniel Picard, souligne son intention de ne pas se laisser faire. « Le groupe Bigard veut qu’on aille manger dans sa main, nous allons nous défendre », affirme-t-il, en affichant tout de même sa satisfaction de voir que « cinq groupes industriels continuent heureusement de (…) faire confiance » au Marché de Plérin. Parmi lesquels les abattoirs d’Intermarché et de Leclerc. Quant à Bigard, ajoute Daniel Picard, il « annonce cette baisse de prix au bon moment pour lui car il y a de nombreux porcs sur le marché. Dans quelques semaines, la consommation devrait repartir, il risque de voir les producteurs le quitter et d’être asséché ».
 

Le porc breton dans la tourmente

 
De son côté, Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine, évoque « une déclaration de guerre », et ne compte pas en rester là.
 
En pratique, Cooperl Arc Atlantique et Bigard n’achètent plus de porcs sur le marché de Plérin depuis plusieurs semaines. « Si nous continuons encore à respecter la cotation, cela ne pourra pas durer très longtemps. Depuis six semaines, je réclame une réforme du MPB pour passer d’un prix politique à un tarif économique tenant compte de la réalité du marché. Je doute de la volonté de ses dirigeants de le réformer », explique Emmanuel Commault, directeur général de Cooperl Arc Atlantique.
 
De fait, les deux groupes vendent une importante partie de leurs stocks hors de France, et se trouvent ainsi confrontés à la concurrence allemande, hollandaise ou espagnole qui vend la viande porcine à moindre coût.
 

Les éleveurs bretons ne peuvent pas lutter face à la concurrence des prix

 
Face à cette situation, Stéphane Le Foll, notre ministre de l’Agriculture, peut promettre tout ce qu’il veut. L’Europe, dans son fonctionnement actuel, défavorise le marché français, et le gouvernement n’y peut rien.
 
Les producteurs allemands bénéficient ainsi d’un « avantage fiscal qui réduit leurs coûts de production de 3 à 4 euros par porc ». Dans le même temps, ils paient leurs salariés « 6 à 7 euros de l’heure », précise Michel Bloc’h, vice-président du Comité régional breton du porc.
 
Et l’ancien ministre de l’Agriculture François Guillaume pointe du doigt les politiques allemands : « Nous sommes dans une Europe allemande. La chancelière sait ses paysans plus compétitifs que les nôtres grâce à une main d’œuvre étrangère sous-rémunérée. »
 
L’Europe de Bruxelles continue donc de démolir notre agriculture et nos paysans…
 

François le Luc