Alexis Tsipras a donc gagné le pari fait en démissionnant de son mandat de premier ministre, puisque les Grecs ont décidé de lui faire à nouveau confiance, en accordant, à l’occasion des élections de dimanche, 35,47 % des suffrages et 145 élus au Parlement, à son parti Syriza, quelque peu expurgé de son aile gauche.
D’ores et déjà, Tsipras va retrouver son poste de premier ministre, et reconduire sa coalition gouvernementale avec le parti des Grecs indépendants ANEL, de Panos Kammenos.
Alexis Tsipras est bien conscient de cette « seconde chance » qui lui est donnée, puisqu’il a déclaré se sentir « légitimé » par ce succès.
Syriza remporte les élections grecques
Pour autant, la tache n’est pas aisée. Si Alexis Tsipras a manifestement marqué de son empreinte le paysage politique, son score ne constitue en rien l’affirmation d’un consensus, d’autant qu’il a lui-même admis pendant la campagne ne pas avoir obtenu « l’accord que nous voulions avant les élections de janvier ».
Autrement dit, Tsipras vient d’être réélu sur un programme contraire à celui qui l’avait porté au pouvoir en début d’année. Il ne s’agit plus de s’opposer à l’austérité en refusant la politique de l’Union européenne ; il s’agit, au contraire, de négocier au plus près pour la faire accepter. Ce qui constitue, selon les termes du président du Parlement européen Martin Schulz, « une œuvre d’art de la stratégie politique ».
Il faut dire que le nouveau premier ministre a essayé de retrouver certains des accents de son prédécesseur, ce qui lui permet de ménager à la fois les « accordistes » et leurs adversaires : « En Europe aujourd’hui, la Grèce et le peuple grec sont synonymes de résistance et de dignité et ce combat va se poursuivre ensemble pendant quatre autres années. »
Alexis Tsipras et la Grèce de nouveau face à l’austérité
Même si, pour l’instant, il n’a pas évoqué le nouveau plan de sauvetage des créanciers internationaux, le premier ministre a déclaré : « Nous avons devant nous des moments difficiles, mais nous possédons des bases solides. Nous ne survivrons pas à ce combat par magie mais nous pouvons le faire en travaillant dur. » Si ce n’est pas de l’austérité, cela y ressemble comme deux gouttes d’eau…
Il est un point, pourtant, sur lequel ce gauchiste forcené va devoir revoir son dossier : celui des migrants. La Grèce est, en effet, l’une des portes privilégiées sur l’Europe, et les migrants s’y sont introduits avec vigueur ces derniers mois. Or, à l’heure actuelle, son discours d’ouverture systématique risquerait de compromettre la sympathie qui lui est manifestée par ailleurs à Bruxelles, et dans les principales capitales européennes. Après la Commission européenne, nombre de responsables politiques ont tenu à féliciter le nouveau premier ministre de… la docilité qu’il va désormais devoir montrer.