Dîner annuel de la Grande Loge de France avec Jacques Toubon, Abdennour Bidar et Najat Vallaud-Belkacem

Diner Grande Loge France Jacques Toubon Abdennour Bidar Vallaud-Belkacem
 
Samedi soir, devant 200 frères et profanes, la Grande Loge de France tenait son dîner annuel dans les sous-sols voûtés de son hôtel parisien, rue Puteaux. Moins connu que celui du CRIF, sa réputation, néanmoins, s’accentue. Initié en 2011, il a fait se succéder des personnalités, telles que Jacques Attali, Jean-Louis Debré, Alain Juppé ou encore Christiane Taubira… Cette année, la plus ancienne obédience maçonnique française s’est offert la présence d’un trio remarquable au sens littéral du terme : le Défenseur des droits Jacques Toubon, le philosophe Abdennour Bidar et la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem.
 

Jacques Toubon : oui à l’immigration

 
Tout d’abord, encore une couche sur les migrants… ces réfugiés de guerre auxquels on ne peut laisser que notre porte ouverte. Jacques Toubon a redit le « principe d’égalité » que lequel est fondé le droit d’asile. Nous avons « le devoir d’accueillir les autres lorsqu’ils sont rejetés (…) parce que les droits de d’homme sont pour tous ». « Ce n’est pas une crise, c’est une situation durable que l’Europe ferait mieux d’affronter plutôt que de dresser des murs inutiles et inhumains ».
 
Il n’a fait, en cela, que répéter le message diffusé, début septembre, par vingt-huit obédiences maçonniques européennes, dont huit françaises, dans une lettre commune. « Alarmées par la tragédie vécue par les migrants qui fuient des pays en guerre et en proie à la misère », elles en ont appelé « aux gouvernements européens pour qu’ils mettent en œuvre les politiques communes indispensables à un accueil digne et humain de populations en détresse et en péril »…
L’initiative était sans précédent, ce qui prouve bien l’importance de l’acceptation sans réserve de ces flux étrangers. La franc-maçonnerie, depuis des décennies, ne fait que favoriser ces vagues d’immigration, essentielles pour affaiblir et diluer le catholicisme et l’identité nationale. Un article de la revue du G.O.F. Humanisme le confirmait, dès 1982 : « Les notions de races, de frontières, de classes sociales doivent être abolies pour faire place à une intégration globale de l’homme dans un cadre universel ». La lettre des loges l’a réécrit : « la tragédie présente doit être le creuset d’une renaissance et d’un renouveau du rêve européen ».
 

Abdennour Bidar : une réévaluation de l’islam… et de la religion tout court

 
Abdennour Bidar… Si le nom ne vous dit rien, vous le subissez sans le savoir. La « charte de la laïcité à l’école », c’est lui, et la nouvelle heure hebdomadaire d’« enseignement civique et moral », c’est encore lui. Luc Chatel l’avait chargé en 2011 d’une mission sur « la pédagogie de la laïcité et la transmission des valeurs de la République »…
 
De mère catholique convertie à l’islam, héritier du soufisme et de la pensée occidentale, gnostique « théophage », il se revendique « fils éloigné de l’islam » et veut se battre « avec les outils de la raison et de la foi ensemble, sans contradiction », pour imaginer une vie spirituelle adaptée à notre monde moderne. Sa Lettre au monde musulman, parue en version résumée dans Marianne en octobre 2014, avait connu un réel succès sur les réseaux sociaux, après l’attentat de Charlie Hebdo.
 
Il faut « régénérer » la religion. Revisiter, harmoniser, diluer. « Dans nos sociétés multiculturelles, nous cherchons à nous rassembler… sans se ressembler, sans sacrifier la diversité. C’est le sens de la fraternité » a-t-il déclaré au parterre de frères de la GLFD. On est parfaitement dans la Babel cosmopolite et maçonnique où toutes les religions, les spiritualités doivent se fondre, aspérités adoucies ; une nouvelle « mondialisation » des consciences qui ne concernera pas que l’islam. Abdennour Bidar y croit concluant que « des hommes visent à rassembler les lumières éparses »… On est rassuré.
 

Najat Vallaud-Belkacem : priorité à la jeunesse et surtout à son éducation

 
On imagine sans peine son discours – il fut à la hauteur : « Je sais ce que la République et l’École doivent à la Franc-Maçonnerie depuis deux siècles, comme le droit à la contraception doit beaucoup à la GLDF ». Pour une fois qu’elle parle vrai… « Une École faible sur ses valeurs fait reculer la République et progresser le communautarisme ». Sus, donc, à ces charmantes têtes blondes.
 
Elle a même annoncé qu’elle parrainerait, en personne, le grand colloque sur la Jeunesse organisé en avril prochain par la GLDF et la GLFF (version femme). Un colloque où « les jeunes en quête de sens pourront construire ensemble un paysage pour un avenir commun où l’humanisme et la spiritualité seront mis en valeur »…
 
Et n’a surtout pas oublié sa touche finale : « Merci de m’avoir réchauffée au contact de votre spiritualité ». La spiritualité globale de demain, véhiculée par l’école laïque et obligatoire, et qui est avant tout l’anti-religion de Rome.
 

Clémentine Jallais