Une brève histoire de l’avenir est une des rares expositions du Musée du Louvre que les visiteurs de ce musée prestigieux peuvent se dispenser de voir. Elle se rattache aux tentatives volontaires de sabotage de l’Art, en son propre temple, parmi les quelques extravagances de l’Anti-Art contemporain souillant désormais épisodiquement les lieux. Ici, le propos est inacceptable, tout comme le principe expérimental du bric-à-brac, une forme d’anti-musée délibérée. Des statuettes sumériennes magnifiques sont environnées par de traditionnels panneaux de bois sculptés japonais, et d’atroces toilées d’araignées formant des installations d’Anti-Art contemporain. Le meilleur côtoie le pire : tout doit se dissoudre en un magma informe dans l’esprit du visiteur. Le tout repose sur la pensée maçonnique de Jacques Attali. On en arrive à craindre pour sa raison. Il est inimaginable de voir un tel hommage rendu à la pensée d’un homme de son vivant – qu’à l’évidence l’imposture n’effraie pas, au cas où l’on en aurait douté. Cumuler dans son esprit des milliers et des milliers de références, et ne pas savoir les organiser, les hiérarchiser, n’est absolument pas la démarche de la culture, ou de l’intelligence. Ici, chaque salle à un thème, qui semble illustré par la facétie involontaire d’un moteur de recherche d’ordinateur mélangeant tout.
Une brève histoire de l’avenir : une idée de la pensée maçonnique
Une brève histoire de l’avenir propose une caricature des prophéties d’Attali, qui s’est beaucoup trompé – même dans la durée –, a soutenu des propositions contradictoires, mais toujours dans le sens du vent. Les dernières salles entendent explicitement présenter le futur de l’humanité : l’Anti-Art contemporain règne seul, dans un joyeux n’importe quoi total, parfois compréhensible curieusement, mais dans un éloge du laid ou d’un anarchisme mondain insupportable. Le visiteur abonné au Louvre (et ne devant donc rien débourser pour cette visite) pourra se faire quand même une idée de la pensée maçonnique, ou admirer les quelques belles pièces véritables, des sculptures antiques ou des cartes anciennes, superbes et passionnantes, en visitant malgré tout cette exposition. Mieux vaut la fuir sinon…
Hector Jovien
Une brève histoire de l’avenir, Musée du Louvre. Jusqu’au 4 janvier 2016. Tous les jours sauf mardi, de 9h à 18h. 15 euros.