Une bonne douzaine de responsables religieux – parmi lesquels beaucoup de femmes pasteurs – ont participé la semaine dernière à une cérémonie de bénédiction d’une clinique d’avortement aux Etats-Unis. L’événement s’est déroulé à Cleveland, dans l’Ohio, dans une atmosphère de pseudo-sacralité sous le slogan : « Pro-foi, pro-famille, pro-choix ». La clinique Preterm propose des avortements chirurgicaux « sûrs et doux » jusqu’à 22 semaines (5 mois de grossesse) et même du « conseil post-avortement ».
Le site de l’avortoir assure que « l’avortement est significativement plus sûr qu’une grossesse menée à terme suivie d’un accouchement », balayant toutes les craintes relatives aux dangers, aux risques et aux effets secondaires de l’opération.
Bref, ce sont des militants : des militants qui prennent soin des femmes et de la Planète, puisqu’ils se sont efforcés de transformer leur établissement en « clinique verte ». On y parle de « compassion », de « tendresse ».
C’est cette approche quasi religieuse qui a trouvé un écho dans la cérémonie de la semaine dernière, où des chrétiens – protestants, cela va de soi – ont cru devoir « remercier Dieu pour ceux qui procurent l’avortement ». Mensonge, sacrilège, blasphème, cynisme démoniaque : tout y est.
Bénédiction à Cleveland, Ohio : l’avortoir est un lieu écologique et quasi religieux
C’est une « prêtresse » méthodiste, Laura Young, qui a pris l’initiative de la bénédiction en tant que directrice exécutive du chapitre de l’Ohio de la Religious Coalition for Reproductive Choice. Le directeur national de cette coalition, le « révérend » Harry Knox, également présent, est un homosexuel « marié » qui a pris la tête des campagnes pro-« mariage » gay en Géorgie et en Floride.
Une autre « révérende », Tracey Lind, doyenne de la cathédrale épiscopalienne Trinity de Cleveland, a prononcé la bénédiction de l’avortoir : « Que ses murs soient des remparts face aux assauts de la honte qui la frappent. Qu’il soit un phare d’espérance pour celles qui ont besoin de ses services. »
Si le fait en lui-même est un scandale abominable, puisqu’il a eu lieu au nom de sectes protestantes qui, peu ou prou, affirment appartenir au Christ, les propos des participants pour expliquer leur participation à l’événement ne l’étaient pas moins.
« C’était un moment décisif pour moi », a expliqué Molly Marvar, ancienne cliente. Son avortement à Preterm a été « une expérience importante, un moment d’empathie, un privilège ». Elle veut parler de son avortement « pour aider d’autres femmes ». « Il y a une véritable vénération de la vie dans cette clinique. Et la décision de se faire avorter est souvent une décision vraiment, vraiment spirituelle », a-t-elle expliqué à Think Progress.
C’est une singerie du langage des provie. On ne s’en étonnera pas.
Les pasteurs qui ont béni une clinique d’avortement veulent étendre leur mouvement
La « révérende » Laura Young, pour sa part, « penseuse théologienne progressiste et féministe », a expliqué que « les femmes qui ont avorté sont attaquées au niveau religieux, et la communauté de foi a l’obligation morale de guérir ces plaies spirituelles ». Elle espère bien bénir d’autres avortoirs aux Etats-Unis, et faire comprendre aux jeunes que leur foi est « mal avisée » lorsqu’ils se permettent de faire la leçon aux femmes qui entrent dans les avortoirs. Ils « déversent la haine et le jugement » sur ces femmes qui avortent : « Est-ce un comportement aimant ? »
Le jugement, voilà l’ennemi : ce que ces partisans de la mort dénoncent, au fond, c’est la distinction entre le bien et le mal.
La dénaturation du sacré est l’autre fait marquant d’un événement qui n’a rien d’anecdotique. Ainsi RCRChoice lançait-il un « tweet » au moment de l’événement pour dire : « Dieu est le meilleur des accompagnateurs. Dieu est avec nous lorsque nous entrons dans une clinique et il reste avec nous tant que nous y sommes. » Si bien évidemment Dieu n’abandonne jamais sa créature humaine, ce n’est pas pour approuver tout ce qu’elle peut faire… Le comparer à ces personnes qui escortent les candidates à l’avortement pour les « protéger » des manifestants pro-vie – le plus souvent, ils prient de manière pacifique auprès des avortoirs – est une ignominie.
Elucubration de quelques extrémistes ? Non point. En utilisant ainsi des religions malgré tout chrétiennes, fondées sur le respect du Décalogue, ce sont aussi les méthodistes et autres épiscopaliens qui sont visés, afin d’en faire des croyances relativistes, parfaitement en phase avec la nouvelle anti-moralité qui fait de l’avortement un bien et un droit. Cela n’a rien de marginal : bien des pays le proclament, à commencer par la France.