Sicario est un terme de l’espagnol du Mexique, tiré du monde romain antique : à Rome, les sicaires étaient des tueurs à gages, assassinant au moyen d’une arme servile de gladiateur, l’épée thrace sica. Le terme désigne aussi les fanatiques religieux et résistants juifs à Rome, au début de notre ère, qui assassinaient les Romains ou les « mauvais » juifs. Si le premier sens, venu directement de Rome, est le plus juste, s’y ajoute, pour le sicario mexicain, une forte tendance à la cruauté, quasi rituelle, tirée de la religion païenne et sanguinaire des Aztèques. Les sicarios mexicains sévissent non seulement au Mexique, mais aussi aux Etats-Unis, passant inaperçus dans la vaste communauté immigrée des Latinos. Leurs meurtres sont en lien avec le trafic de drogue, principalement, et l’immigration clandestine. Le film, du fait de quelques images réalistes, ne peut donc s’adresser qu’à des adultes avertis.
Sicario : un film plutôt bon et qui fonctionne
Ici, une femme appartenant au FBI, commandant une unité d’assaut, et constatant son impuissance à lutter contre certains crimes, accepte de collaborer avec la CIA – qui ne se présente pas tout d’abord comme telle. Elle souhaite ainsi lutter plus efficacement contre les réseaux criminels, en frappant à un autre niveau, celui des chefs de cartels, commanditaires des sicarios. Peu à peu, elle manifeste des doutes, de plus en plus explicites, face aux méthodes peu orthodoxes de la CIA. La grande actrice Emily Blunt, qui tient superbement le rôle, n’est pas ici dans une composition façon indignée à principes (de gauche évidemment), comme lorsqu’elle a prononcé le mois passé des sottises remarquables contre M. Trump.
L’intrigue de Sicario fonctionne, et, chose terrible, paraît relativement crédible. Mais le film trouve toute sa limite dans cette morale peu fine et trop explicite. Le choix des méthodes efficaces face aux sicarios et aux cartels n’est pourtant pas sans poser de réelles question, et il y aurait certainement là matière à des débats authentiques et non biaisés de manière caricaturale. Hormis cette fin moralisante et décevante, le film, qui appartient à un genre de policier brut, est plutôt bon, et se situe dans la lignée de Traffic (2000).