Pan est un film fantastique qui propose une variation libre sur le célèbre mythe de Peter Pan, fondé sur la légende éternelle, le roman original pour enfants de J.M. Barrie et alimenté par diverses adaptations plus ou moins fidèles, dont le dessin animé majeur de Walt Disney (1953). Il reprend les personnages de base du roman, et imagine un épisode original inexploré, précédent l’intrigue connue. Pourquoi pas ? Dans cette vie antérieure, Peter Pan et le Capitaine Crochet auraient commencé par être alliés, et amis, contre un autre pirate redoutable, tyran de l’Ile du Pays Imaginaire, Barbe Noire.
Le film est plutôt réussi visuellement, parvient à rendre l’enchantement de cet autre monde de pirates, indiens, enfants perdus, fées, crocodiles, sirènes, etc. Le gouvernement de Barbe Noire peut offrir l’image d’une utopie négative, esclavagiste, pour les enfants, et ce sans les choquer vraiment. Une magie de l’enfance, sans niaiserie, opère. Certaines scènes sont visuellement superbes. D’autres relèvent d’un surréalisme étonnant, jamais vu, précis à sa manière, filmé au premier degré, comme celle du navire pirate volant se défendant au canon contre les chasseurs de la RAF, surpris par ce fort singulier « bombardier allemand », au-dessus de Londres en 1940.
Pan : arriver en retard de quelques minutes
Toutefois, on ne saurait en conscience recommander ce film aux familles catholiques, à cause des quelques minutes de prologue, insupportables. Peter Pan vit dans un orphelinat londonien qui tient du bagne, et la chose est explicitement et lourdement montrée, non pas à cause du contexte de guerre de l’automne 1940 et des bombardements allemands sur Londres, mais parce que cet établissement est tenu par des sœurs catholiques monstrueusement antipathiques, absolument toutes hideuses physiquement et moralement, grosses, laides, désagréables. Elles sont gourmandes, et, ajout à ce catalogue anticatholique traditionnel du protestantisme britannique, marchandes d’esclaves : les enfants orphelins sont tout simplement vendus aux pirates. Le moins que l’on puisse dire est que cette caricature peu fine est intolérable. C’est très dommage, car sans ce prologue, Pan serait un bon film.