Prenant la mesure de l’état d’urgence décrété au lendemain des attentats sanglants de vendredi, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé dimanche à un renforcement des mesures européennes dans « la lutte contre le terrorisme », la crise actuelle ne se limitant pas aux contours – à défaut de frontières – de notre pays. Parmi les mesures qui seront mises en œuvre sur le territoire français, Bernard Cazeneuve a notamment affirmé sa volonté très nette de dissoudre les mosquées « dans lesquelles des acteurs appellent ou profèrent la haine ».
Afin de coordonner l’action des pays européens, le ministre a donc demandé une réunion exceptionnelle du conseil « Justice et affaires intérieures », qui regroupe les ministres de la Justice et de l’Intérieur des Etats-membres de l’Union européenne, afin de mettre en place, de façon uniforme, un certain nombre de mesures contre le trafic d’armes. Il entend également demander l’adoption d’un fichier européen des voyageurs aériens.
Le ministre de l’Intérieur veut coordonner ses efforts et ceux de ses homologues européens
Le Luxembourg, qui assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne, a d’ores et déjà indiqué que cette réunion se tiendrait vendredi prochain.
Après une rencontre avec son homologue belge, Jan Jambon, justifiée par l’évolution de l’enquête sur les attaques de vendredi, Bernard Cazeneuve a souligné que cette coordination était nécessaire, compte tenu des parcours pris par les terroristes, et que l’on ne peut se contenter de mesures nationales. « Si une grande partie de la lutte contre le terrorisme dépend des dispositions que nous prenons à l’intérieur de nos frontières, (…) beaucoup dépend aussi de ce que nous serons capables de faire au plan européen et au plan international », a-t-il déclaré.
Cette coopération devrait également permettre de réduire les temps de manœuvre, qui, en matière de terrorisme, sont toujours trop longs : « Il faut désormais que la dimension européenne de ce sujet soit traitée en urgence. »
Bernard Cazeneuve veut dissoudre les mosquées de la haine
Interrogé plus tard sur France 2, Bernard Cazeneuve a déclaré qu’une mesure pour dissoudre les mosquées radicales ferait l’objet du prochain conseil des ministres.
« L’état d’urgence, c’est la volonté que nous avons, à travers sa prorogation et la révision de la loi de 1955, de pouvoir, de façon extrêmement ferme et déterminée, procéder plus facilement à l’expulsion de ceux qui doivent être expulsés parce qu’ils prêchent la haine en France, ou qu’ils ont été engagés ou qu’on soupçonne d’engagement dans des opérations à caractère terroriste », a expliqué le ministre. « J’ai engagé des démarches en ce sens, et il y aura une délibération en conseil des ministres : la dissolution des mosquées dans lesquelles des acteurs appellent ou profèrent la haine. Tout cela doit être mis en œuvre dans la plus grande fermeté », a-t-il ajouté.
Une démarche certes nécessaire, mais qui pose une question claire : le gouvernement saura-t-il évoquer la question de l’extrémisme dans l’islam, ou continuera-t-il à éluder la question ?