Les députés français ont donné leur accord mercredi à la poursuite des frappes des forces aériennes françaises en Syrie pour « anéantir » l’Etat islamique. Ce faisant, l’Assemblée nationale a justifié les actuelles démarches diplomatiques de François Hollande. Sans qu’on sache toujours très bien à quoi elles tendent…
« Le 13 novembre a changé la donne, une riposte à la mesure de l’agression que nous avons subie s’est imposée, a déclaré le premier ministre Manuel Valls à la tribune de l’Assemblée. Il n’y a pas d’alternative, nous devons anéantir Daech. »
Cet appel du chef du gouvernement a été largement entendu, puisque le vote des députés a été acquis par 515 voix contre quatre. En pratique, ce sont tous les groupes de l’Assemblée, de la majorité comme de l’opposition, qui ont voté en faveur de la prolongation de l’intervention, à l’exception notable du Front de gauche qui s’est abstenu.
La représentation nationale donne son accord à la poursuite des frappes en Syrie
L’unanimité parlementaire ne signifie pourtant pas qu’il n’y ait pas, au sein des députés, des approches divergentes de la vision géopolitique actuelle. Ainsi l’ancien premier ministre François Fillon, tout en apportant son soutien à la demande de prolongation des frappes, a-t-il réclamé, dans le même temps, la levée des sanctions européennes qui frappent la Russie : « Peut-on combattre côte à côte avec les Russes, alors que nous leur imposons dans le même temps des sanctions européennes ? La réponse est non ! La France doit prendre ses responsabilités et obtenir, lors du prochain Conseil européen, qu’un terme soit mis à ces sanctions. »
François Fillon a été plus loin encore, en demandant également la « réintégration de l’Iran dans les discussions » : « Son influence sur le terrain et la présence de ses forces spéciales en font, qu’on le veuille ou non, un élément-clé de la victoire au sol. »
Troisième point de désaccord manifeste avec François Hollande, la nécessité affirmée par l’ancien premier ministre d’une « liaison » avec les autorités syriennes : « Comment abattre l’Etat islamique, dont les sanctuaires et les centres de décision sont en Syrie, comment bâtir une solution politique, sans a minima des échanges de renseignements avec le régime en place ? »
L’assemblée nationale manifeste des nuances politiques
Ces divergences de division politique ne sont pas le seul apanage des Républicains. Dans un communiqué, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard, députés du RBM-FN, qui ont également voté mercredi en faveur du prolongement de l’engagement des forces françaises en Syrie, tiennent à souligner un point de vue semblable.
Ils affirment d’abord que, au-delà de « la guerre contre l’islamisme », cette décision est une nécessité pour « mettre un terme à la submersion migratoire sans précédents par laquelle s’infiltrent des terroristes djihadistes pour toucher la France en plein cœur ».
Mais ils vont plus loin que François Fillon, en nommant clairement les points de désaccord avec l’actuel locataire de l’Elysée. Si ce choix s’impose, observent-ils en effet, il doit cependant « conduire la France à abandonner son mimétisme vis-à-vis des Etats-Unis pour renouer avec sa tradition géopolitique de l’équilibre ».
Autrement dit, « soutenir l’offensive terrestre des forces légales syriennes » ; et mise en place « d’une coopération de nos services de renseignement respectifs et d’une suspension des sanctions économiques asphyxiant le peuple syrien ».
Enfin, se faisant l’écho des préoccupations de certains de nos chefs militaires, ils soulignent qu’il est « impératif qu’une loi de programmation militaire exceptionnelle redonne à nos armées le matériel et les effectifs nécessaires pour endiguer la menace intérieure et extérieure du djihadisme mondial ».
Si cela s’appelle le bon sens, alors il faut admettre qu’il est encore loin d’être universellement partagé…