Ils n’étaient pas invités à la COP21, pas plus que le climatosceptique Philippe de Larminat n’a pu s’exprimer au Vatican lors d’un colloque scientifique sur le « réchauffement ». Une douzaine de scientifiques d’Amérique du Nord, d’Australie, d’Europe et d’ailleurs ont été invités par le Heartland Institute à Paris afin de faire entendre autre chose que le seul discours autorisé parmi les négociateurs au Bourget. De Patrick Moore – l’un des fondateurs de Greenpeace – à Lord Christopher Monckton, ils se sont employés à soulever les sérieux doutes qui pèsent sur le soi-disant consensus scientifique à propos des changements climatiques d’origine humaine.
Si leurs arguments étaient intéressants les circonstances de cette rencontre l’étaient peut-être plus encore sur le plan politique. Premier constat : la quasi absence de la presse que la tenue du colloque en anglais exclusivement ne suffit pas à expliquer. Une armée de journalistes scientifiques et politiques couvre actuellement la COP21 à quelques kilomètres du centre de Paris : il ne s’en est trouvé qu’une poignée pour s’informer de ce que peuvent dire les opposants, données à l’appui, face au discours monolithique des promoteurs de la mise au rebut des énergies fossiles.
Les climatosceptiques ne sont pas les bienvenus à la COP21 à Paris
Dès l’ouverture du colloque, plusieurs dizaines de jeunes militants écologistes ont manifesté dans la rue aux abords de l’hôtel où se tenait le colloque, tout près des Champs-Elysées. Puis ils ont perturbé son ouverture en vociférant auprès de l’entrée de la salle des travaux. Quelques-uns ont pu entrer, sans compter deux ou trois journalistes affichant clairement leur parti-pris « réchauffiste » en posant des questions-fleuve et en interrompant les réponses dont la teneur, manifestement, ne leur importait pas.
Calmement, les différents orateurs les ont invités à exposer leurs objections et à exprimer leurs points de désaccord et leurs contre-arguments, en promettant de les prendre au sérieux. Rien… C’est la principale leçon donnée lors de cette journée : le « réchauffisme », l’appel à la lutte contre les émissions de CO2 est une idéologie qui ne souffre pas la contradiction et qui ferme les yeux et les oreilles à toute rationalité. Le refus de débattre est caractéristique et s’il est inquiétant dans n’importe quel domaine il l’est d’autant plus dans la sphère des sciences qui sont supposées progresser dans la connaissance par l’observation et la vérification des hypothèses.
C’est ce qu’a souligné Lord Christopher Monckton, ancien conseiller de Margaret Thatcher et flamboyant contestataire de la pensée unique, alors que les « réchauffistes » annoncent une adhésion de « 97 % » des experts au discours sur le CO2 : la vérité scientifique ne réside pas dans l’opinion de la majorité, celle-ci fût-elle composée de chercheurs. Aristote l’a constaté il y a plus de 2.300 ans…
Pour un non scientifique qui n’a pas forcément les outils techniques pour faire le tri entre les arguments des « pro » et des « anti », ce refus du débat est très révélateur. Il permet au moins de comparer les approches et de porter un jugement sur le plan de la méthode.
Le colloque du Heartland Institute a permis de mettre en évidence des mythes de la COP21
Alors que les médias et les écoles bombardent les citoyens – et spécialement les jeunes – d’un discours alarmiste qui attribue tout, depuis la disparition programmée des roux (disent-ils) jusqu’à l’apparition de l’Etat islamique, aux changements climatiques, une dizaine de présentations ont mis en évidence lundi les mensonges du GIEC mais aussi les résultats d’études contraires.
On sait ainsi que le réchauffement qui devait, si les calculs sur la corrélation entre l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère et celle de la « température moyenne » du globe (mais comment la calculer ?) atteindre 0,75° C entre 1990 et aujourd’hui, n’a progressé aux dires mêmes du GIEC que du tiers de cette valeur. Si la « pause » de 18 ans et 9 mois du réchauffement n’est pas pleinement significative alors que l’unité de compte des climatologues est de trente ans, comme l’a dit S. Fred Singer, doyen des sceptiques – il a 92 ans – elle contredit en tout cas tout ce qui est dit par les partisans de la réduction des émissions de CO2.
« Les modèles ne fonctionnent pas », a-t-il souligné. Utiliser des simulations qui ne tiennent pas compte des multiples facteurs naturels, comme le volcanisme, qui au fil de l’histoire de la planète ont causé des changements climatiques bien plus importants que ceux qu’on nous annonce aujourd’hui pour mettre en place des « politiques de gaspillage » est absurde : il s’attend, lui, plutôt à un petit âge de glace bien plus dangereux pour l’humanité que le réchauffement. « Nous ne gèlerons pas. Mais nous risquons de mourir affamés », a-t-il conclu. Willie Soon, astrophysicien, devait souligner que la radiation solaire est elle-même absente des modèles : « Je ne suis pas à l’aise avec ce qu’ils écrivent » au GIEC, a-t-il commenté.
Le CO2 n’est pas synonyme de disparition des espèces
Bob Carter, géologue marin néo-zélandais, a rebondi en rappelant qu’à l’ère du Cambrien, les niveaux de CO2 étaient quinze fois plus importants qu’aujourd’hui alors que c’est une époque où de multiples espèces sont apparues. Si l’on comptait 280 ppm (parties pour million) de dioxyde de carbone avant l’ère industrielle, sa concentration dépasse aujourd’hui les 400 ppm – mais c’est une situation de « famine » de CO2. Mais il faut se garder, a-t-il ajouté, de penser « que le climat était plus stable avant la révolution industrielle ».
Il a également montré qu’au fur et à mesure que sa concentration monte, l’effet de serre dont ce gaz est responsable devient, à progression égale, de plus en plus marginal puisque l’augmentation de concentration ne représente à la fin plus qu’une petite fraction par rapport à l’ensemble.
Quoi qu’il en soit, la montée du CO2 dans l’atmosphère est responsable d’une « augmentation de 11 % du feuillage » des végétaux entre 1982 et 2010 par l’effet fertilisant de ce gaz, ainsi qu’une augmentation des zones vertes de la planète. Voilà des assertions vraies ou fausses, ouvertes à la critique – mais celle-ci se fait attendre…
Patrick Moore, ancien de Greenpeace, devenu climatosceptique tout en restant écologiste
Très significative, l’intervention de Patrick Moore, fondateur de Greenpeace et grand défenseur des bébés phoques, a souligné le détournement de l’écologie à des fins politiques : c’est ce qui l’a incité à quitter le mouvement. Son intervention sur l’« acidification des océans » – une astuce de langage puisque l’acide fait peur, mais que les océans demeurent un milieu basique – a mis en évidence plusieurs autres mythes des « réchauffistes ». Le premier, spectaculaire, les fait parler d’une acidification depuis 1750, alors qu’on ne sait mesurer le taux de pH que depuis le début du XXe siècle.
Quant aux effets des variations de sa teneur, ils doivent être constatés in vivo : en l’occurrence, on constate une adaptation rapide et même inattendue des phénotypes sans variation des génotypes des animaux : « Le corps change sa physiologie en quelques jours, il s’adapte », et chaque organisme « contrôle sa chimie interne », tel le saumon capable d’évoluer aussi bien en eau salée qu’en eau douce.
C’est dans la zone la moins alkaline du monde, le courant de Humboldt, a-t-il ensuite noté, que l’on prend 20 % de la pêche mondiale : « Le CO2 fertilise les océans. »
Pour l’ensemble des orateurs, lundi, les partisans d’une réduction des émissions de CO2 qui n’est pas, comme on l’a vu, un « poison », proposent la mise en place d’un système qui aboutirait sous sa forme la plus extrême, celle qui a la faveur de Greenpeace, à déclarer hors la loi plus de 98,7 % de l’énergie disponible aujourd’hui, du gaz naturel au nucléaire.
« Les panneaux solaires ? C’est un moyen de prendre de l’argent aux pauvres et de le donner aux riches », a ainsi dénoncé Tom Harris, spécialiste des thermofluides – alors que des systèmes disponibles partout comme la géothermie ou l’aérothermie offrent des espoirs bien plus sérieux d’énergie peu chère, facile d’accès et efficace.
Lord Christopher Monckton, pourfendeurs du projet politique qui sous-tend la COP21
C’est aussi l’avis du vicomte Monckton qui accuse la politique de réduction de CO2 d’être d’abord coûteuse en vie humaine, en rendant l’énergie plus difficilement accessible, notamment aux plus pauvres en Afrique, et plus onéreuse, et plus chère, au détriment de ceux qui doivent payer des factures chaque fois plus lourdes, jusqu’à devoir renoncer à se chauffer convenablement, dans le même temps où pétrole, gaz et charbon sont exceptionnellement peu chers.
Pour le développement, la santé, l’hygiène, l’électricité est indispensable, a-t-il souligné, annonçant qu’il fera prochainement une enquête sur l’absence d’accès à cette énergie et l’espérance de vie. « Il reviendrait à 75 milliards de dollars par an » de donner accès à l’électricité aux Africains qui en sont privés : l’« escroquerie du climat engloutit un milliard de dollars par jour », s’est-il indigné. Mais cette « escroquerie » profite aux riches à travers la promotion et les subsides aux énergies renouvelables, sans compter la taxe carbone que les réchauffistes veulent imposer…
C’est lui encore qui a le plus parlé des véritables objectifs politiques de la COP21. « Ils ont la puissance et la gloire – et l’argent. Et nous avons la vérité. Ils n’ont rien et nous avons tout », a lancé Monckton avant de commencer son exposé. Il a souligné que le projet d’accord ne contient aucun élément de démocratie : « Il prévoit le transfert de pouvoir à des puissances non élues. » Enfin, au bout de trois réécritures du projet, celui-ci contient une « clause de sécession sans pénalités », un fait qu’il attribue à la mobilisation des climatosceptiques : « C’est ce qui les empêche de mettre en place un gouvernement mondial : le droit de s’échapper. »
Mais il faudrait aussi une clause d’« enquête judiciaire » qui permettrait de mettre sur la place tous les arguments, pour ou contre, les sceptiques étant tout à fait disposés au débat. Et une clause de révision (Sunset clause) permettant de « mettre fin à tout cet épouvantable processus si le réchauffement atteint moins de 0,15 % » dans la période que s’est fixé le GIEC…
A l’issue de cette journée, deux idées-force s’imposent. Si les climatosceptiques ont raison – et ils sont prêts à confronter leurs thèses avec celles d’en face, réclamant même qu’on les contredise – la véritable défense de l’environnement ne se trouve pas à la COP21, qui d’ailleurs ne s’intéresse nullement à la pollution atmosphérique mais fait la promotion d’une énergie coûteuse et peu fiable.
Et si cette politique de la COP21 est adoptée, elle aboutira à des problèmes de survie pour les plus pauvres.
Vu que la philosophie qui sous-tend la dénonciation du réchauffement « d’origine humaine » est précisément fondée sur l’idée que l’homme, par son nombre et par ses comportements, est l’ennemi de la nature, on finit par y voir un peu plus clair.