Selon plusieurs journaux britanniques, immédiatement relayés par la presse européenne, le Premier ministre britannique, ébranlé par les oppositions très vives à ses propositions sur l’avenir de l’Union européenne, émanant notamment de Bruxelles et de Berlin, aurait baissé le niveau des prétentions dont il avait adressé le détail au président du Conseil européen Donald Tusk. Une information qui, après avoir beaucoup circulé comme l’on peut s’en douter, vient de recevoir un coup d’arrêt très net, David Cameron ayant démenti vouloir changer quoi que ce soit à ses revendications.
La prétendue information portait tout particulièrement sur sa volonté de priver d’allocations sociales les citoyens européens qui s’installent au Royaume-Uni pendant les quatre premières années de leur séjour, afin de mieux maîtriser l’immigration par la suppression temporaire de cet avantage. L’information avait fait la “une” de trois quotidiens, le Sunday Times, le Sunday Telegraph et l’Independent on Sunday, avant de faire le tour des media européens.
Le Premier ministre britannique n’a rien changé de ses prétentions
La proposition britannique pose en effet un sérieux problème à Bruxelles et à ses sectateurs les plus assidus en ce qu’elle heurte de front le principe de libre circulation et de non-discrimination entre citoyens européens.
Dimanche, le 10, Downing Street a donc dû réfuter une information sans fondement. « Plusieurs journaux du dimanche affirment que le Premier ministre recule sur la proposition de geler les allocations sociales pendant quatre ans. L’un des journaux s’avance même à dire qu’il va abandonner cette demande lors du sommet européen la semaine prochaine, ce qui est tout simplement faux », a déclaré un porte-parole du Premier ministre.
Néanmoins, a-t-il ajouté, le Premier ministre reste « ouvert à différentes manières de gérer ce dossier », étant entendu qu’il reste impératif d’obtenir « un accord qui permette de contrôler l’immigration en provenance de l’Union européenne ».
« Le plus important est de résoudre les problèmes et non la forme que prennent les accords », conclut-on dans l’entourage du Premier ministre.
En brusquant David Cameron, l’Union européenne renforce l’idée de Brexit
On ne sait qui a ainsi lancé une information fausse, visiblement destinée à tenter de déstabiliser le Royaume-Uni face à ses partenaires européens. La chose paraissait d’autant plus loufoque que, la semaine dernière encore, David Cameron déclarait au magazine conservateur The Spectator : « Je pense qu’avec la crise de la zone euro et la crise des migrants, l’impact à court terme est que les gens pensent “Oh mon Dieu, éloignez l’Europe de moi, elle m’apporte des problèmes”. »
Malgré tout, un certain nombre de nos confrères continuent de souffler le chaud et le froid, faisant état du démenti de David Cameron tout en affirmant qu’il serait prêt à évoluer…
Il est vrai que l’exemple vient de haut, puisque, la semaine dernière, alors que le Premier ministre britannique affirmait avoir renoncé à parvenir à un accord avec ses partenaires européens sur les réformes qu’il demande, le président du Conseil européen Donald Tusk, à qui David Cameron a directement écrit à ce sujet, affirmait compter sur un accord rapide.
Tous ces gens ont manifestement oublié la toile de fond du débat. A savoir, d’une part, que David Cameron n’est pas favorable personnellement au Brexit ; et d’autre part que, s’ils ne l’aident pas, fût-ce au prix de quelques entorses aux règles européennes, à contenter les eurosceptiques britanniques, alors le Royaume-Uni a de grandes chances – ou de forts risques, c’est selon… – d’effectivement quitter l’Union européenne à l’occasion du referendum qui, quelles que soient les tergiversations, devra se tenir avant la fin de l’année 2017.