Le secrétaire d’Etat britannique à l’Intérieur, Theresa May, a annoncé qu’une enquête visera prochainement les tribunaux islamiques implantés au Royaume-Uni, alors que l’inquiétude grandit de voir se développer un système judiciaire parallèle qui au nom de la charia pratique la discrimination à l’encontre les femmes. Elle a déclaré aux membres du Parlement, le 21 décembre, qu’il ne devrait y avoir qu’un seul système législatif au Royaume-Uni, « celui qui émane du Parlement ». Theresa May a affirmé : « Jamais nous n’approuverons un système alternatif informel qui s’inspire de principes religieux et qui vienne concurrencer le nôtre. » L’enquête sera confiée à une instance indépendante qui devrait remettre son rapport l’année prochaine.
Les tribunaux islamiques du Royaume-Uni, un système législatif parallèle
La décision de Theresa May fait suite à une étude universitaire dénonçant ces tribunaux qui en arrivent à contraindre des femmes à rester au sein de mariages forcés ou à rester au domicile d’un mari violent. Une doctorante en droit néerlandaise, Machteld Zee, a mené cette étude qui lui a permis de conclure qu’« il existe en fait deux ordres législatifs distincts en place (au Royaume-Uni), dont un fonctionne dans l’“ombre de la loi” ». Les juges de ces tribunaux ne respectent pas les droits des femmes et seuls leurs avis comptent eu égard aux principes religieux qui fondent leur autorité. Les femmes victimes de divers types d’abus et qui pensaient pouvoir bénéficier de la protection de la loi britannique sont prises au piège des ces jugements parallèles.
Au mois de juillet dernier, la première femme juge d’un tribunal islamique jugeait ainsi que le gouvernement « ne pouvait exiger des Musulmans qu’ils n’aient pas plus d’une femme ».
Une enquête indépendante pour évaluer l’application de la charia
Au mois d’octobre dernier, le ministre d’Etat attaché au « Home Office », Lord Bates, s’était déjà inquiété devant la Chambre des Lords de ce que « les conseils de la Charia fonctionnent de manière inacceptable et discriminatoire ». Lord Bates appelait déjà à la constitution d’une commission d’enquête indépendante visant à évaluer la mesure exacte où l’application de la loi islamique est « inacceptable ».