Les Etats-Unis ont fait état de documents récupérés par leurs forces spéciales à l’occasion d’un de leurs raids en Syrie, documents qui montrent que l’Etat islamique édictent des édits, les fameuses fatwas, autorisant notamment le prélèvement d’organes ou l’utilisation sexuelle des femmes récupérées comme esclaves.
Selon ces documents, une fatwa datée du 31 janvier 2015 par l’Etat islamique indique qu’il est admis de prélever des organes « sur le corps d’un apostat » pour sauver la vie d’un musulman. Selon la traduction qui en a été faite par les services fédéraux américains, cet édit indique même qu’il n’est pas interdit de retirer des tissus ou des organes sur un captif, même si l’opération doit conduire à sa mort.
« La vie et les organes de l’apostat n’ont pas à être respectés et peuvent être impunément retirés », peut-on lire dans ce texte présenté comme émanant de la « commission des recherches et des fatwas de l’Etat islamique ».
Les fatwas sur les organes et sur les femmes
Néanmoins, précisent les traducteurs, cette fatwa, qui portent le numéro 68, ne stipule pas expressément que le trafic d’organes serait autorisé. Elle apporte en revanche des justifications présentées comme religieuses à une pratique habituelle, semble-t-il, puisqu’elle vient répondre à une accusation faite par le gouvernement irakien à l’encontre du groupe djihadiste.
Une autre fatwa découverte à la même occasion dans cette source de documents, et qui porte le numéro 64, en date du 29 janvier 2015, précise en quelles circonstances les hommes appartenant à l’Etat islamique peuvent ou ne peuvent avoir des relations sexuelles avec les femmes réduites à l’état d’esclaves par le groupe djihadiste. Pour faire court, il s’agit tout simplement d’indiquer quand le viol est autorisé… En ayant bien à l’esprit qu’il ne s’agit pas, pour ces gens, de viol à proprement parler, puisqu’il n’est question que de femmes qui ne sont pas même musulmanes.
Ces deux fatwas se trouvent, parmi beaucoup d’autres, dans une vaste base de données sur laquelle les forces spéciales américaines ont donc mis la main lors du raid, conduit dans la province de Daïr az Zour, qui a abouti à la mort du Tunisien Abou Sayyaf, considéré comme l’un des principaux financiers du groupe, et à la capture de son épouse.
Les documents de l’Etat islamique
Brett McGurk, l’envoyé spécial de Barack Obama auprès de la coalition sur place, a précisé que les forces américaines avaient alors récupéré sept téraoctets de données stockées sur divers supports : disques durs, clés USB, CD, DVD et même documents imprimés. Des documents dont ils n’avaient pas été question jusqu’ici, et dont on ignorait même la découverte.
Les fatwas en cause semblent suggérer que l’Etat islamique d’Abou Bakr al Baghdadi alimenterait le trafic international d’organes, et un réseau local de prostitution.
Néanmoins, l’agence Reuters, qui ne précise pas dans quelle occasion, ni à quelles conditions elle a eu accès à ces documents, n’est manifestement pas en mesure d’en confirmer l’authenticité.
Preuves réelles, supposées ou inventées
La seule affirmation américaine ne saurait en effet constituer une assurance en ce domaine, la « guerre » menée contre l’Etat islamique pouvant « justifier » l’invention de preuves à l’encontre de l’adversaire. Disons qu’il y a des précédents…
On peut en tout cas s’interroger sur la nécessité qu’aurait éprouvé l’Etat islamique à publier de telles fatwas. En période de guerre contre des apostats et des infidèles, les combattants de l’islam n’ont pas, semble-t-il, besoin d’aucune autorisation contre l’ennemi. Le djihad, en l’occurrence, suffit : il est à lui-même sa propre justification.