13 Hours est un bon film de guerre, avec pour action centrale les treize heures de combats dans les enclaves diplomatiques américaines de Benghazi, attaquées par des miliciens islamistes, en 2012. Le format de 2 h 30, long en soi, passe en fait assez vite, et s’avère adapté au sujet. Le film s’adresse à un public adulte, du fait du réalisme des images : les obus de mortier déchiquètent littéralement les corps. Le point de vue est évidemment celui des Américains. Ils sont les héros, confrontés à des sauvages. Il y a là un néocolonialisme évident, bien qu’involontaire ; le film est à rapprocher en particulier de Khartoum (1966), avec le siège de la ville capitale du Soudan, défendu par le général britannique Gordon, et attaquée par les forces islamistes du Mahdi en 1885-1886.
13 Hours est subdivisé en deux parties : la préparation du drame, et la nuit intense de combats. Cette dernière comprend des pauses entre de durs affrontements. 13 Hours possède le mérite de rappeler l’angélisme suicidaire du discours diplomatique occidental, à Paris comme à Washington, en 2012. L’ambassadeur spécial détaché à Benghazi a payé sa naïveté de sa vie. Cette naïveté comprend aussi un curieux volet de machiavélisme grossier, avec une base de la CIA mal camouflée en enclave diplomatique. La base est à la fois assez significative pour inspirer une attaque, avec de gros dégâts, et trop peu pour pouvoir posséder une capacité suffisante de défense.
13 Hours se concentre sur l’action combattante
Le film suit d’assez près les faits réels, et cela se sent, pour donner le meilleur. Les experts diplômés n’ont rien voulu voir venir. Les gardes du corps, qui n’avaient rien d’experts arabisants, avaient eux saisi depuis longtemps les mouvements suspects. Dans le contexte libyen d’alors, aux trop nombreuses milices, les amis sont impossibles à distinguer des ennemis. Ainsi, les assaillants ont-ils pu s’approcher de très près, avantage tactique certain, ne dévoilant leur identité véritable qu’à la dernière seconde. Le très faible nombre d’arabisants n’aide pas à communiquer, donc à faire un minimum de tri immédiat. Cette négligence surprend particulièrement : tout le personnel américain en un pays arabe gagnerait à recevoir des cours de langue locale.
13 Hours s’en tient pour l’essentiel à l’action combattante. Aucun personnage n’ose poser la question sacrilège : était-ce une bonne idée de renverser Kadhafi en 2011 ? Ce dictateur fantasque n’inspire nulle sympathie rétrospective, mais le sort de la Libye était meilleur avant la guerre civile permanente qui a suivi, et se poursuit encore. Le Califat est désormais bien implanté en Libye, même s’il a été pour l’instant repoussé de Benghazi.