C’est Valeurs actuelles qui l’affirme, sur la foi d’un sondage Ifop réalisé à son intention : une large majorité de Français (59 %) se dit favorable à la suppression du regroupement familial. Et ce dispositif, instauré en France en 1976 sous la présidence de Valery Giscard d’Estaing, devrait être restreint à compter de 2017, si les principaux candidats à la primaire de la droite et du centre mettent effectivement en œuvre le programme qu’ils présentent aux Français.
Sans surprise, les plus hostiles au regroupement familial sont les sympathisants du Front national (92 %), suivis par les Républicains (73 %). A l’inverse, 75 % des sympathisants du Front de gauche et 64 % des sympathisants du Parti socialiste sont favorables à cette mesure mise en œuvre le 29 avril 1976 sous le mandat de Valéry Giscard d’Estaing afin d’offrir la possibilité à un étranger arrivé en France d’y faire venir par la suite son conjoint et ses enfants.
Vers la suppression du regroupement familial
Il y a dix ans, la mesure avait été un peu restreinte, puisqu’une demande en ce sens ne pouvait être introduite qu’après dix-huit mois de présence en France, et à la condition de présenter un travail stable « avec des revenus supérieurs au Smic net et un logement acceptable par sa surface et ses conditions de vie ».
Alors qu’à l’exception du FN, la suppression du regroupement familial n’est jamais évoquée, près de 6 Français sur 10 (59 %) la réclame!
« Ce résultat confirme le durcissement de l’opinion sur l’immigration, déjà constaté, notamment, sur l’accueil des migrants, explique Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Il est d’autant plus impressionnant que le regroupement familial fait partie, depuis quarante ans, des piliers jamais remis en cause de notre politique d’intégration. Il y a, sur cette question, un décalage particulièrement important entre la parole politique et les attentes des Français. »
Le fossé entre le peuple et ses élites politiques est indéniable, alors même que ces dernières portent indiscutablement la responsabilité de cette évolution sur un sujet sur lequel personne ne semblait vouloir s’interroger jusqu’ici. Mais la crise migratoire, et surtout sa gestion par les Etats sous la férule de Bruxelles, ont amené à une évolution – et peut-être une révolution – sur la question.
Les Français majoritairement favorables à une révision de la politique migratoire
Avoir voulu faire admettre aux Européens, et particulièrement donc aux Français, qu’il fallait non seulement accueillir des réfugiés en danger sur leur territoire national, mais les installer par centaines milliers (au minimum) chez nous, alors que la crise a réduit les moyens dont dispose le Français moyen aura eu l’effet inverse à celui escompté. Non seulement le peuple n’en peut plus, mais il veut revenir sur une mesure qui, depuis quarante ans, faisait son petit bonhomme de chemin sans histoires.
Les analystes évoquent, à propos de ce sondage, un véritable clivage entre la gauche et la droite. Ce n’est certes pas faux. Mais on aurait tort de s’en tenir à une vision classique de ces catégories. Car on observe que c’est chez les ouvriers que le souhait de suppression du regroupement familial est le plus important (67 %). C’est assez logique, puisqu’il s’agit des premiers « cohabitants » avec les populations immigrées. Mais cela signifie aussi que l’on ne peut plus, comme on le faisait par exemple au temps de Georges Marchais, faire de l’ouvrier un homme de gauche…