Alors que le Venezuela s’enfonce depuis des mois dans la pénurie et l’hyper-inflation, sous la conduite de son président chaviste, Nicolas Maduro, l’opposition se fait de plus en plus radicale et appelle désormais à la désobéissance civile. Dans la situation de chaos actuelle, elle réclame – forte de l’exemple de la déposition de Dilma Rousseff – le départ du socialiste Maduro qui a décidé de son côté de proclamer l’état d’exception. La presse officielle russe accuse, elle, les Etats-Unis des troubles actuels.
D’immenses manifestations ont eu lieu mercredi malgré l’absence d’autorisation officielle ; les participants réclamaient bruyamment un referendum.
Il faut préciser que Nicolas Maduro se trouve relativement isolé du fait que l’opposition est majoritaire à l’Assemblée, dont le président Henry Ramos Allup a participé à la mobilisation. Elle venait de rejeter à main levée le décret présidentiel sur l’état d’exception, estimant que celui-ci aggrave l’altération de l’ordre constitutionnel et démocratique que subit le Venezuela.
Le chaos au Venezuela, résultat de la misère créée par le socialisme
L’AFP rapporte que pillages, lynchages et protestations se multiplient dans le pays où l’électricité et l’accès aux services publics sont limités, alimentant un énorme mécontentement parmi les Vénézuéliens qui doivent déjà faire des heures de queue devant les supermarchés. A la fatigue du peuple pourrait bien succéder une explosion de rage.
L’état d’exception décrété par l’héritier de Hugo Chavez répond à ce que Maduro appelle une « menace extérieure ». Mardi, il accusait ouvertement les États-Unis d’intrusion dans l’espace aérien du Venezuela une semaine plus tôt, peu après avoir renforcé les prérogatives du gouvernement en matière de sécurité et de distribution alimentaire et énergétique.
Les États-Unis nient évidemment toute intervention. Quoi qu’il en soit, la décroissance qui atteint désormais 5,7 % pour la deuxième année consécutive au Venezuela, assortie à une inflation de près de 200 % qui ne rend pas compte du prix réel des denrées de première nécessité sur le marché noir, sont en soi suffisantes pour expliquer l’exaspération du peuple.
Le successeur de Hugo Chavez accuse les Etats-Unis
D’un autre côté, le Venezuela suscite nécessairement des convoitises, lui qui possède les plus grandes réserves pétrolières de la planète, huit fois plus importantes que celle des Etats-Unis. La politique économique du pays repose sur la vente du pétrole à son voisin du Nord et l’utilisation des fonds au profit des dépenses « sociales » dans un cadre de plus en plus étatisé.
Alors que sa production diminue à la faveur de la crise économique et de la chute des cours, on comprend que les Etats-Unis s’inquiètent du chaos qui s’installe et on peut supposer – ce ne serait pas nouveau – qu’il souhaite peser sur les événements dans un pays qui connaît actuellement le plus fort taux de criminalité au monde. Mais il ne faut pas oublier que c’est le résultat direct d’années de socialisme et d’idéologie. Aujourd’hui tout manque, depuis les couches et l’aspirine jusqu’aux antibiotiques simples mais indispensables pour sauver des vies humaines. Des vies se perdent ; la mortalité périnatale explose. Les médicaments pour soigner le cancer ne peuvent s’acheter que sur le marché noir. Et il ne suffira pas de déposer Maduro pour que les choses aillent mieux, note The New American. Maduro, lui, s’accroche à son rêve : n’a-t-il pas refusé tout assistance médicale internationale au motif que seul Cuba possède un système sanitaire supérieur à celui du Venezuela ?
La Russie apporte son soutien à Nicolas Maduro
Le discours sur le rôle des Etats-Unis dans la lutte contre Maduro est amplement repris et alimenté par les médias officiels russes, qui les accusent également à propos de la déposition de la présidente du Brésil. Condamnant les « coups d’Etat institutionnels » qui visent à renverser des « présidents populaires pour les remplacer par des fonctionnaires néolibéraux », une tribune publiée par Russia Today présente un appel diplomatique russe à mettre hors-la-loi la politique des « changements de régime » menée en Amérique latine par les Etats-Unis.
La Russie se situe dans la logique des BRICS, sa zone d’influence qu’elle tient a garder pour peser – elle aussi – sur la politique de ces pays plus ou moins émergents mais en tout cas dotés de gigantesques ressources naturelles, sans compter le soutien idéologique assuré à des nations qui restent engluées dans le socialo-communisme.
Jeux d’influence et souffrances du peuple au Venezuela
Selon la tribune publiée par Dmitry Babich dans Russia Today, la diplomatie russe a pris la mesure de l’interventionnisme américain dans les différentes révolutions de « couleur », comme la révolution orange en Ukraine, et se sent elle-même menacée par le processus qui viserait à asseoir la domination américaine, d’abord dans l’hémisphère occidentale, puis sur les BRICS et même à la tête de la Fédération russe. C’est la thèse ouvertement défendue par Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères.
Conséquence (ou preuve d’une volonté parallèle) : la Russie soutient une Dilma Rousseff, un Nicolas Maduro en invoquant le droit à l’indépendance des pays latino-américains, alors même que leurs peuples respectifs les rejettent – avec ou sans l’aide des Etats-Unis. Quelle est l’étendue réelle de celle-ci ? On retiendra pour l’instant que la Russie continue de soutenir et de promouvoir le socialisme international.
Et la Chine, membre à part entière du bloc des BRICS, vient de signer un accord avec le Venezuela pour lui accorder des prêts contre le pétrole, histoire de donner un peu d’oxygène au pays alors qu’approche le moment de payer d’importantes échéances de prêts. Le ministre chinois des affaires étrangères a fait savoir que les deux parties entendent renforcer leur coopération financière.