L’ancien gouverneur démocrate de Floride, Bob Graham, mène campagne pour que le comité de renseignement du Sénat, dont il fut président, ait le droit de divulguer un document de 28 pages impliquant clairement l’Arabie saoudite dans les attentats du 11 septembre 2001.
Ce document a été classé secret par GW Bush et il est donc interdit de le divulguer au public. Il fait partie d’un rapport de plusieurs milliers de pages que Graham a contribué à rédiger. Pour lui, c’est une pièce capitale impliquant sans ambiguïté l’Arabie saoudite dans l’affaire du 11 septembre : « C’est aussi probant qu’un révolver qui vient d’être utilisé et qui fume encore. Les liens sont si nombreux et si forts qu’il est difficile de sortir de la lecture du document sans sentir qu’il y avait un réseau de support pour les agresseurs et que ce réseau de support venait de l’Arabie saoudite ». Cette affirmation tonitruante couronne la campagne que Graham mène depuis plusieurs semaines dans les médias américains pour déclassifier et divulguer le fameux document, dont il souligne l’importance, à vrai dire, depuis 2003.
Graham entend divulguer tout le rapport impliquant l’Arabie Saoudite
Graham poursuit son interview sur Yahoo News Live en affirmant que la déclassification du document aurait un effet domino : « Elle ouvrirait la voie à d’autres preuves. Des milliers de pages parlent des relations entre les 19 agresseurs et l’Arabie saoudite. Ils n’auraient pu mener une affaire aussi complexe que celle du 11 septembre, et rester si longtemps discrets, sans son soutien. »
L’ancien sénateur a aussi commenté une disposition de la loi votée par le Sénat le 17 mai, autorisant les familles des victimes des attentats du 11 septembre à poursuivre l’Arabie saoudite en justice pour sa participation éventuelle aux attentats : « Elle ne se borne pas à ouvrir la voie judiciaire aux familles. Elle offre surtout la possibilité de divulguer une formidable somme d’informations impliquant l’Arabie saoudite dans le 11 septembre ».
Le sénateur démocrate de New York, Charles Schumer, qui a promu cette disposition s’est félicité lui aussi de cette « victoire » qui permet de punir les auteurs d’attentats « même si c’est un pays, une nation, à qui l’on demande des comptes ». Et de conclure, comminatoire : « Cela servira d’avertissement et de dissuasion à toute autre nation qui serait tentée d’apporter son soutien à une attaque terroriste contre l’Amérique ».
L’alliance avec l’Arabie saoudite, cible du 11 septembre ?
Cependant la loi doit encore passer par la Maison blanche, où Barack Obama doit la signer. Mais, pour le responsable de presse du président Josh Earnest, celui ne le fera pas et opposera son veto au projet. Pour une raison de droit international qui rendrait les Etats-Unis vulnérables. C’est un prétexte très honorable, mais des raisons plus sonnantes et trébuchantes entrent peut-être en ligne de compte. Nous avons signalé ces dernières semaines que l’Arabie saoudite menaçait de liquider 750 milliards d’avoirs aux Etats-Unis en cas de procès l’impliquant dans les attentats du 11 septembre, ce qui déstabiliserait l’économie américaine. Même sans aller jusque là, les Etats-Unis ont choisi depuis la seconde guerre mondiale l’alliance avec l’Arabie saoudite, et si des forces puissantes, dont Graham est l’un des porte-paroles, ont commencé à modifier cette alliance stratégique, un revirement assez brutal pour traîner en justice l’allié préférentiel d’hier reste encore aujourd’hui difficilement envisageable. C’est pourquoi la campagne impliquant l’Arabie saoudite dans le onze septembre s’accentue au fil des semaines, reprenant inlassablement les mêmes éléments, au centre desquels se trouve le fameux documents de 28 pages dont on ne sait rien en fait depuis 2003, rien d’autre que l’insistance de Graham à le faire divulguer.