Le Dr Oscar Elias Biscet a passé près de 12 ans de sa vie en prison. Souvent à l’isolement. Sa détention a été ponctuée de séances de torture. Son tort ? Avoir refusé de trahir son serment hippocratique et avoir protesté officiellement auprès de Fidel Castro contre l’assassinat d’enfants nouveau-nés dans les hôpitaux cubains. Il a vécu dans sa chair les horreurs de la dictature communiste. Pour la première fois, le Dr Biscet a pu sortir de Cuba, et il en profite pour rendre témoignage. Il vient d’être fait président d’honneur de Cidevida (le Centre international pour la défense de la vie humaine) en Espagne. « J’ai payé d’années de torture mon engagement provie à Cuba. Je ne regrette rien », a-t-il dit.
A Cuba, défendre la vie peut entraîner prison et tortures
Le Dr Biscet a tôt découvert la nécessité absolue, pour lui, de ne pas porter atteinte à la vie humaine. En cela il était aux antipodes des préoccupations du régime castriste, qui tenait en un même mépris la vie des opposants et celui des enfants à naître. « Je me trouvais face à un problème de conscience car je ne pouvais supporter que l’on ôte la vie à un être humain », témoigne le médecin. « Cela a été un grand traumatisme pour moi que d’avoir connaissance de ces situations aberrantes, les nombreux avortements, et même les mises à mort d’enfants qui venaient de naître qu’on noyait dans une bassine d’eau ou à qui on tranchait la moelle épinière. »
Il ne pouvait se taire. Il lui fallait dénoncer ces horreurs, coûte que coûte : « Lorsque je me suis rendu compte de ces faits, j’ai été contraint de protester, ce qui m’a coûté mon poste et m’a livré à la prison et à la torture. Je l’ai fait pour des raisons de conscience et je ne m’en repens pas. »
Le Dr Biscet a notamment recueilli les témoignages de mères dont les enfants avaient été assassinés, et il a fait une étude sur le rivanol, une substance utilisée à Cuba pour provoquer l’avortement. Son rapport, il l’a d’abord transmis aux autorités. Faute de réponse, il s’est rendu directement au palais présidentiel pour le remettre à Fidel Castro en personne. « A partir de ce moment ils m’ont emprisonné et j’ai dû endurer le traitement inhumain que l’on réserve aux personnes dans les prisons, mais j’ai pu résister », témoigne le médecin.
Oscar Elias Biscet, médecin provie et dissident
Le motif de son incarcération tenait en quelques mots : « Menace contre l’Etat ». Libéré une première fois en 2002, il devait être de nouveau emprisonné dans la foulée, sous le coup d’une condamnation à 25 ans de détention. Seule la médiation de l’Eglise catholique lui a permis de sortir de prison en 2011, mais avec interdiction totale de sortir de Cuba.
Les périodes d’isolement se sont succédé lorsqu’il revendiquait un statut prisonnier de conscience : les visites lui étaient interdites et il n’avait pas le droit de détenir des objets personnels. Inutile de dire qu’il ne recevait aucun soin médical, alors qu’il en avait besoin. « Vivre dans une dictature comme celle-ci peut ne pas seulement vous coûter la liberté, mais aussi la vie », affirme aujourd’hui Oscar Elias Biscet. La répression que lui ont value ses prises de position provie s’est également abattue sur sa femme, qui a perdu son emploi et qui a été chassée de sa maison.
Douze ans de prison à Cuba pour avoir dénoncé l’avortement
Le Dr Biscet estime que toutes ces souffrances ont valu la peine : il pense que son engagement pour la vie « a eu des répercussions au sein de la société ». Avant d’être emprisonné il avait organisé une marche provie – le même jour, Fidel Castro avait paru à la télévision pour défendre l’avortement comme un « droit de la femme ». Face à la persévérance du médecin, aux protestations renouvelées, « Fidel a dû reparaître pour dire que l’avortement n’était pas un contraceptif et qu’il fallait le réguler. Et même si la régulation a été des plus minimes, au moins les gens ont continué d’avoir la conviction que l’avortement n’est pas un contraceptif. »
Le médecin appelle désormais tous les Latino-américains à « ne pas se laisser tromper par la gauche qui est au pouvoir et qui fait la promotion de l’avortement ».
Il a terminé son témoignage en dénonçant le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et le régime « castro-communiste » : « Cela favorise davantage la dictature que de peuple. (…) Il fallait exiger de Castro qu’il donne la liberté au peuple cubain et n’entamer ce processus qu’ensuite, pour qu’il bénéficie à tous. » Biscet estime que le rétablissement des relations revient à « reconnaître un gouvernement illégitime et illégal ».