Jawad Bendaoud, l’homme qui avait logé les djihadistes terroristes des attentats du 13 novembre, et qui a fait rire bien des Français par ses propos empreints d’une naïveté sans intelligence, a peut-être convaincu le juge de la réalité de cette non-implication dans les événements. Logeur, « marchand de sommeil » comme il dit, l’homme pourrait n’être finalement poursuivi que pour « recel de malfaiteurs » ce qui lui éviterait la cour d’assises.
« On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service, je n’étais pas au courant que c’étaient des terroristes. » La phrase – et quelques autres – avait fait le tour des media, et d’internet, tant elle paraissait énorme de naïveté. Presque incroyable. Mais Jawad Bendaoud, de déclarations en courriers, semble avoir peu à peu convaincu le juge d’instruction en charge des attentats, qui « envisagerait de requalifier les faits reprochés à ce prévenu, s’il n’y avait pas de nouveaux éléments », selon ce qu’il aurait lui-même indiqué aux victimes mardi dernier.
Jawad Bendaoud semble avoir convaincu le juge
Mis en examen pour « participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes », Jawad Bendaoud pourrait être finalement poursuivi pour un simple « recel de malfaiteurs ». Un changement de qualification qui pourrait lui être notifié le 16 juin prochain, et qui prouverait que le juge a entendu l’homme qui refuse d’être « bouquet missaire »…
Il faut dire que Jawad Bendaoud a apostrophé les juges dans un virulent courrier, tout aussi plein de propos maladroits que ses précédentes interventions. L’ancien petit caïd de Saint-Denis y écrit notamment : « Depuis ma sortie de prison, je n’ai même pas préparé un repas et vous me parlez de préparer des attentats. Je n’ai rien à voir avec tout ça. »
L’homme avait effectivement été condamné à huit années de prison pour avoir « malencontreusement » tué son meilleur ami qui tentait de s’interposer dans une dispute.
Le logeur des terroristes à Saint-Denis est donc, comme Salah Abdeslam, un pauvre type ?
Dans ce courrier, le pauvre Jawad a multiplié les propos propres, pensait-il avec une certaine raison apparemment, à le disculper. « Je n’ai jamais prié, la dernière fois que j’ai prié j’avais 16 ans et mon père en était la seule raison. Je n’ai jamais fréquenté une seule mosquée, je fais tout ce qu’un bon musulman ne ferait pas », écrit-il notamment.
Et encore : « J’ai peut-être dit que j’allais faire tout péter en sortant. Mais c’était parce que j’étais énervé. […] J’y ai peut-être pensé en prison, mais une fois sorti, tout est sorti de ma tête. »
C’est le moins que l’on puisse dire.
On espère au moins que, si le juge se montre effectivement conciliant, il n’oubliera pas de demander au pauvre Jawad qui lui a demandé de rendre ce signalé service – qu’il a d’ailleurs fait payer ; on ne peut pas être naïf à chaque instant.