Sept mois après les attaques parisiennes du 13 novembre 2015, les autorités françaises se préparent à de nouvelles menaces d’attentats à l’occasion de l’Euro de football, perçu comme une cible toute désignée pour le terrorisme djihadiste. Dans l’esprit des services de sécurité, le classique « des jeux et du pain » pourrait bien tourner au scenario-catastrophe.
« Nous faisons tout pour éviter une attaque terroriste, et nous nous préparons également à y répondre », a déclaré le ministre de l’Intérieur, qui annonce avoir mobilisé pour cette occasion 42.000 policiers et 30.000 gendarmes.
En l’occurrence, Bernard Cazeneuve ne fait état d’aucune menace précise. Mais, selon nos services de renseignements, la France demeure l’un des objectifs prioritaires de l’Etat islamique.
Euro de football : les inquiétudes
L’alerte est donc maximale, à la veille de l’Euro de football qui doit débuter vendredi par un match des Bleus au Stade de France, c’est-à-dire là où, on s’en souvient, trois djihadistes se sont fait exploser le 13 novembre dernier.
La prolongation de l’état d’urgence joue cependant contre les forces de l’ordre, qui avouent, à l’occasion, une certaine usure. C’est sans doute la raison pour laquelle le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a plaidé auprès du ministre de l’Intérieur pour que le site du Champ-de-Mars soit fermé les jours de matches au Parc des Princes ou au Stade de France, en invoquant l’état de fatigue des gendarmes, policiers et militaires. Fin mai déjà, à la suite d’un courrier envoyé à Bernard Cazeneuve, le préfet avait obtenu un renforcement significatif des moyens alloués au dispositif habituel, avec l’octroi temporaire de quelque 10.000 représentants des forces de l’ordre supplémentaires, portant ainsi leur nombre sur la région parisienne à plus de 13.000.
Mais les moyens classiques seront-ils suffisants ? « Nous savons que Daech planifie de nouvelles attaques », et pourrait vouloir « essayer de frapper le plus rapidement possible et le plus fort possible », déclarait récemment devant la représentation nationale Patrick Calvar, directeur de la sécurité intérieure.
Les services de sécurité affirment également que les pouvoirs publics disposent d’informations selon lesquelles l’Etat islamique a tiré les conséquences des attaques du 13 novembre, et pourrait préparer une série d’actions en cascade. Le scenario envisagé serait celui qui débuterait par un incident mineur, comme un incendie, permettant d’attirer secours et policiers loin des buts véritables.
Du jeu à la menace
Même si tel n’était pas le cas, la seule idée du piège pourrait paralyser les forces de l’ordre, qui seraient alors tentées de ne pas répondre à tel ou tel événement de peur d’être éloignées d’un véritable théâtre d’opération… On imagine alors le fiasco.
Rien n’est exclu, a voulu déclarer, sur un ton rassurant, Bernard Cazeneuve, y compris de jouer des matches à huis clos ou d’en annuler certains en cas de menace précise. On imagine facilement le tollé que cela provoquerait !
« Toutes les options ont été travaillées entre l’organisateur et les parties prenantes, et le dispositif de sécurité est conçu pour s’adapter en temps réel », a cependant confirmé le ministre de l’Intérieur à L’Equipe. Sa volonté est manifeste : ne pas « faire peur à tout prix ».
Mais c’est sans doute le point sur lequel son assurance sera mise à plus lourde épreuve…