L’affaire fait, contrairement à ce qui était attendu, du bruit : à Lorette, dans la Loire, le maire apparenté Debout la France se retrouve montré du doigt parce que des panneaux municipaux appellent à ce que le ramadan (qui a commencé lundi) se déroule « sans bruit », et « à visage découvert ».
« Avis : le ramadan doit se vivre sans bruit », et « Avis : la république se vit à visage découvert. » Le double appel municipal a provoqué un certain nombre de réactions dans cette petite ville de 4.500 habitants, et à l’extérieur. Omar Belbouab, imam de la mosquée de Saint-Chamond et président du Conseil théologique musulman de Loire, s’est dit choqué, et affirme que « les musulmans ont le droit de vivre normalement ».
Et d’ajouter : « Je ne comprends absolument pas les propos tenus par la municipalité. Il n’y a jamais eu le moindre débordement à Lorette. Cette manœuvre n’est ni plus ni moins qu’une provocation de la part du maire Debout la France, Gérard Tardy. »
Un ramadan « sans bruit »
Une provocation ? Ou une inquiétude ? Le propos même de l’imam laisse entendre que les débordements sont chose possible. Et à l’heure où l’actualité, qu’on le veuille ou non, qu’on le comprenne ou non, mêle l’islam à des événements tragiques, on ne peut empêcher un édile de manifester une décision qui peut passer, sans doute, pour de l’inquiétude, mais qui reflète assez bien les décisions prises dans certaines grandes villes à la veille de l’Euro de football.
Omar Belbouab estime néanmoins que « de tels propos vont à l’encontre des valeurs du “vivre ensemble” ». Encore faut-il que ce vivre ensemble s’exprime de façon réciproque, car, pour vivre ensemble, il faut être (au moins) deux.
Elue Europe Ecologie-Les Verts au conseil régional de Rhône-Alpes, Lela Bencharif a dénoncé de son côté « des mots (…) blessants, stigmatisants, irrespectueux, réducteurs et volontairement mis en scène à quelques jours du début du mois de Ramadan. Réduire par exemple le Ramadan à une source de problèmes, relève de l’ignorance, de la caricature et du mépris ».
Et sa réaction, de quoi relève-t-elle ? Si l’imam, si l’élue écologiste ont raison, il faut alors qu’ils comprennent que des gens puissent s’inquiéter que la grande majorité des événements graves qui se sont déroulés ces derniers mois, attentats ou autres, ont été commis par des gens qui se revendiquent de l’islam. Ne pas l’admettre, c’est déjà ignorer les bases de ce « vivre ensemble » dont on nous rebat les oreilles !
A Lorette… et ailleurs
La preuve en est que Gérard Tardy n’est pas seul à réagir ainsi. Sans même évoquer ce que l’on peut entendre ici ou là dans la rue, notons qu’un autre maire a, lui aussi, envoyé un message du même ordre à ses administrés musulmans. Il s’agit du maire Républicains d’Argenteuil, dans le Val d’Oise, Georges Mothron, qui a évoqué dans un communiqué certaines « nuisances » survenues l’an dernier, parlant notamment du « bruit jusque tard dans la nuit », et des « pétards ». « L’esprit de fête et l’esprit même du ramadan, conclut-il, est sans nul doute avant tout celui du respect et de la tolérance, y compris, sinon surtout, envers les non musulmans. »
A Lorette, Gérard Tardy, a souligné qu’il ne s’agissait que de « simples rappels de la loi », et qu’il n’y avait « pas de quoi en faire une tempête dans un verre d’eau ».
Et, de fait, n’importe quel citoyen le comprendrait. A moins que certains n’en aient pas la même perception…