Les chiens de garde de l’internet en Chine ont fait savoir mardi qu’ils allaient procéder au nettoyage des commentaires en ligne, sans égard pour les inquiétudes que cela suscite à propos du droit des utilisateurs à la liberté d’expression. Voilà qui annonce sans doute une nouvelle chasse aux dissidents.
La chasse aux dissidents
Selon le CAC (Administration du cyber-espace chinois), les efforts se concentreront sur le nettoyage de commentaires en enlevant tout contenu négatif violant les « sept lignes de base », au nombre desquelles on compte le système socialiste, l’intérêt national et les droits et intérêts légitimes des citoyens, ainsi que les lois et règlements en vigueur telles les Mesures du service d’information sur l’administration d’internet. Il s’agit clairement d’une surveillance idéologique.
Les commentaires « malveillants » dérangent l’ordre des communications électroniques et portent atteinte à « l’écologie de l’opinion publique », « rebutent » le public et exigent une « rénovation », a déclaré Ren Xianliang, chef-adjoint du CAC, aux représentants des médias du Parti et des médias commerciaux tout autant contrôlés par l’Etat. Etaient présents les hauts cadres des portails d’information très connus comme Tencent et NetEase.
Un appel à la délation des commentaires « nuisibles » sur internet pour la Chine
Les médias du web feraient mieux de faire face à leurs responsabilités plutôt que de chercher aveuglément un haut niveau de connexions sur leurs sites, a martelé Ren, leur enjoignant de mettre en œuvre une gestion « disciplinée » de leurs commentaires en ligne.
Un moyen d’accès facile permettant de recevoir les signalements des contenus nuisibles sera développé, a-t-il ajouté. Tout cela au service d’une « culture internet saine et positive ».
« Une telle campagne de régulation est nécessaire, car les commentaires en ligne contenant des spams publicitaires ou des messages abusifs inondent l’internet », a déclaré mercredi au Global Times, média officiel chinois, Zhu Wei, directeur-adjoint du Centre de recherche juridique sur les communications à l’université de sciences politiques et du droit.
Zhu a fait remarquer que des règles plus strictes de filtrage des mots clefs pourraient être appliquées aux sections de commentaires, du fait que les utilisateurs du web utilisent souvent des expressions alternatives comme des homophones pour contourner le système de régulation actuel.
Les autorités de Chine peuvent savoir quel est l’auteur de chaque commentaire sur internet
L’obligation de s’inscrire sous son véritable nom depuis 2015 a rendu la nouvelle régulation d’internet réalisable, puisque les autorités peuvent désormais savoir quels sont les auteurs des messages, a déclaré Zhu.
Il est cependant d’une importance vitale de publier les critères détaillés pour le retrait de commentaires selon les lois et règlements concernés, a souligné Qin An, qui dirige l’Institut de Chine pour la stratégie du cyber-espace, ajoutant que ces règles ne devaient pas « décourager le public de participer à une discussion politique ». Pourvu qu’il reste dans les clous !
S’exprimant lors d’un symposium sur la cyber-criminalité et l’informatisation, le président Xi Jinping a déclaré en avril dernier à propos des « commentaires critiques exprimés dans de bonnes intentions » : « Nous n’allons pas seulement les accueillir avec bienveillance, mais nous allons aussi les étudier avec soin… », a rapporté l’agence de presse Xinhua. Cet intérêt pour les commentaires critiques a certainement de quoi inquiéter leurs auteurs, parfaitement identifiables…