Près d’un demi-million de signatures de soutien à l’interdiction de l’avortement et pour le changement de la loi actuelle en Pologne ont été apportées dans 35 boîtes au Parlement polonais le 5 juillet par de nombreux militants portant des tee-shirts jaunes et des drapeaux, avec le dessin d’un enfant à naître disant « Sauvez-moi ! ».
« Nous voulons changer la loi et ces procédures barbares qui n’appartiennent pas au 21e siècle » (elles font partie de l’héritage communiste en Pologne) a déclaré Jerzy Kwasniewski, un avocat co-auteur du projet de loi. « Nous voulons que la Pologne rejoigne le groupe des deux-tiers des pays du monde qui protège l’enfant à naître mieux que nous. »
Une mobilisation de la base pro-vie : près de 500.000 signatures contre l’avortement
Cette initiative a été lancée par la base du mouvement et, contrairement aux demandes précédentes, n’a pas été lancée par l’Eglise catholique ou par le gouvernement. Quatre mois ont été nécessaires à l’écriture de ce projet de loi contre l’avortement, réalisé par quatre juristes et un expert en bioéthique de l’institut Ordo Iuris en lien avec des organisations provie et pro-famille.
Des centaines de militants, épaulés par la fondation Right to Life, sont allés dans les rues récolter les signatures de leurs compatriotes, affrontant d’inhabituelles attaques verbales et physiques. Des experts de l’institut ont sillonné la Pologne pour présenter et expliquer le projet – affrontant la diffamation et les mensonges des principaux médias.
Leur détermination a payé. Avec près de 500.000 signatures récoltées, dont certaines provenant de la diaspora polonaise aux USA, au Canada et en Afrique, l’objectif est atteint. D’après Kwasniewski, les parlementaires polonais doivent commencer à plancher sur le projet dans les trois mois.
Une loi qui ferait de la Pologne un pays phare en matière de respect de la vie
Mais Ordo Iuris compte aller plus loin et veut un système qui apporte à la fois une véritable protection pour les enfants et la sécurité pour les familles. La proposition de loi prévoit des aides spécifiques « dans les cas où l’enfant est malade, handicapé ou a été conçu lors d’un viol ». L’une des propositions concerne des établissements pour soins prénataux. Un rapport des experts en bioéthique Blazej Kmieciak et Zofia Szafranskia a décrit les enfants à naître comme des patients ayant leurs propres droits aux soins de santé. Ce rapport est le premier de la sorte en Pologne.
Une disposition contenue dans la proposition de loi concerne les soins palliatifs pour les bébés, avec des financements publics à la clef. Ordo Iuris recommande aussi que les soins périnataux soient inclus dans le parcours médical universitaire ainsi que la psychologie, la sociologie et autres sciences sociales – mais aussi la théologie.
Mais le plus dur reste à faire, Jerzy Kwasniewski s’attendant à une contre-campagne massive de la part du lobby pro-avortement. Le premier ministre Beata Szydlo, interrogée sur le projet de loi lors d’une conférence de presse, a répondu que le sujet n’était actuellement pas à l’étude au gouvernement ni au parlement. Beata Szydlo est membre du parti Droit et Justice qui comporte une importante composante pro-vie.
L’institut de sondage polonais CBOS a annoncé en juillet que 64 % des électeurs de ce parti soutiennent le projet de loi.