Albert Marquet, peintre du temps suspendu, proposée par le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, se veut l’exposition majeure sur ce peintre, la rétrospective historique portant sur tout son œuvre. En effet, défilent des toiles correspondant à des décennies de travail de l’artiste. Marquet (1875-1947) a suivi un parcours très particulier. Il a été de toutes les avant-gardes jusque vers 1910. Il a été notamment un acteur majeur du mouvement dit des « fauves » ; quelques toiles de cette époque, les seules valorisées par le marché de l’Art, sont présentes, mais paradoxalement sans briller. Puis Marquet a délibérément rompu avec toute démarche de ce type, et est revenu, en s’y tenant, à un style qualifié souvent de « classique » ou « académique ».
Ce pseudo-classicisme s’avère du reste relatif : le dessin est volontairement flou, les touches de couleur restent dans des tonalités sombres le plus souvent – en opposition radicale avec son passé fauviste – la manière rappelle quelque peu Boudin, dans ses toiles grises des années 1860-1870. Le rapprochement vient d’autant plus à l’esprit si l’on a vu l’exposition Eugène Boudin, l’Atelier de la Lumière, en cours jusqu’au 26 septembre 2016 au Musée d’Art Moderne André Malraux au Havre, que nous présenterons bientôt. Cette matière et cette approche esthétique ne comprennent absolument rien d’original, et aucune une technique impressionniste. On peut parfois apprécier un France néo-classicisme des années 1920-30, trop peu présenté dans les expositions ; telle n’est pas du tout non plus la démarche de Marquet. Le résultat, sans être franchement laid ni absurde, reste sur le plan de l’esthétique limité et discutable. Le visiteur ne ressent rien de l’émotion que donnerait un grand peintre authentique. Tout en restant superficielles, les quelques toiles lumineuses de Marquet, à dominantes du bleu de la Méditerranée, sont agréables au regard.
Albert Marquet, peintre du temps suspendu : un assez bon moment avec un artiste très secondaire
L’essentiel de l’exposition présente les marines, les paysages de rivières, les ports peints par Marquet dans les années 1920-1940. L’intérêt n’est pas parfaitement nul sans être de première force. Il est surtout historique, beaucoup plus qu’artistique, et consiste à découvrir ou redécouvrir des vues de Paris, Rouen, Nantes, Marseille, Nice, etc., ou, plus exotique, Alger. Alger est alors la capitale de l’Algérie française disparue en 1962. Le visiteur bienveillant, qui aime les marines, les paysages avec des bateaux, peut passer un assez bon moment en visitant l’exposition. Mais Marquet reste un artiste très secondaire. Signalons que les études de nus féminins des années 1900 sont absolument indécentes, ce qui signifie que l’on peut pas emmener les enfants voir les petits bateaux qui fument d’Albert Marquet, peintre du temps suspendu, ce qui est dommage.
Hector JOVIEN
Albert Marquet, Peintre du temps suspendu
Du 25 mars au 21 août 2016
Tarifs : plein tarif: 12 € ; tarif réduit : 9 €. Gratuit : -18 ans
Informations pratiques :
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h