Un accord Etats-Unis-Russie d’intervention en Syrie

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Le secrétaire d’Etat John Kerry a révélé l’existence d’un accord entre les Etats-Unis et la Russie portant sur une intervention conjointe en Syrie, accord qui bénéficiera au régime de Bachar el-Assad soutenu par les Russes, ainsi qu’à ses alliés dont l’Iran chiite et le Hezbollah. Il s’agira à la fois de combattre l’Etat islamique et le Front Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda.
 
Avant d’annoncer l’accord le 15 juillet, Kerry a rencontré Poutine pour discuter de l’intensification de la coopération militaire et dans le renseignement contre l’EI et Al-Nosra. Selon John Kirby, porte-parole du Département d’Etat américain, « le Secrétaire a exprimé sa préoccupation concernant des violations répétées de cessez-le-feu par le régime syrien ». « Ils ont également évoqué la nécessité d’accroître la pression sur les groupes terroristes comme DAESH et l’affilié d’Al-Qaïda en Syrie, Jabhat al Nosra. John Kerry a souligné que l’absence d’étapes concrètes à court terme et d’efforts diplomatiques ne pouvait continuer », affirme le communiqué.
 
Kerry s’est ensuite entretenu avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Lors d’une conférence commune, il a fait remarquer que le fragile cessez-le-feu obtenu grâce aux efforts russo-américains avait rencontré deux écueils : les bombardements d’Assad et les attaques d’Al-Nosra, et le fait que «  parfois des membres d’oppositions différentes les rejoignaient. »
 

Les Etats-Unis accusés de trop concéder à la Russie qui soutient le régime d’El-Assad

 
Kerry a déclaré : « Nous nous sommes mis d’accord sur des étapes. (…) Il est possible (…) de réduire la violence (…) et d’aider à créer l’espace pour une transition politique sincère et crédible. Mais nous n’allons pas les révéler publiquement en une longue liste car nous voulons qu’elles soient efficaces et parce qu’elles requièrent davantage d’implication pour fonctionner. Je veux cependant insister sur le fait qu’elles ne sont pas basées sur la confiance. »
 
Ce refus d’en livrer les détails a suscité des critiques contre l’administration Obama, accusée de trop concéder à la Russie, selon le New York Times. Pour le Washington Post, un tel accord apporterait au président Poutine « quelque chose qu’il veut depuis longtemps : des relations militaires plus étroites avec les USA et la fin de son isolement international », raison pour laquelle le Pentagone était initialement opposé au plan.
 
Pour le Times, « l’une des difficultés majeures est de savoir quels sont les groupes rebelles qui veulent destituer Assad, et quels sont ceux qui sont alignés aux côtés d’Al-Qaïda ou l’EI, deux organisations considérées comme terroristes par les Etats-Unis ».
 

L’accord d’intervention Russie-Etats-Unis contredit le soutien américain à Al-Nosra

 
L’accord intervient après qu’un haut responsable de l’administration Obama a reconnu que l’accent mis par les Etats sur l’Etat islamique en Syrie a permis à Al-Nosra de devenir le plus grand groupe affilié à Al-Qaïda à ce jour.
 
L’agence Reuters ajoute que le Front Al-Nosra est l’une des principales forces anti-Assad, et que les groupes de rebelles soutenus par les Américains coordonnent souvent leurs activités avec ses unités. Pour la Russie, cela signifie que les Etats-Unis soutiennent Al-Nosra et que les groupes soutenus par les Américains sont des cibles légitimes. De ce fait, une campagne commune contre ce groupe n’apparaît pas seulement comme une concession à l’égard de la Russie, mais pourrait aussi amener les Etats-Unis à se retourner contre la principale force militaire anti-Assad et un partenaire des alliés de Washington.
 

Patrick Neuville