Kim Jong-un et Poutine prévoient de se rencontrer en Russie pour discuter armement

Jong-un Poutine discuter armement
 

Des échanges qui progressent. Et l’inquiétude qui monte du côté des Etats-Unis. Entre la Russie et la Corée du Nord, de doux rapprochements se font depuis ces dernières semaines et la Maison Blanche s’agite entre divulgation d’éléments classifiés et déclarations politiques pour freiner cette accointance dont les conséquences géopolitiques ne seraient pas des moindres. Poutine et Kim Jong-un devraient même se rencontrer sous quelques jours sur le territoire russe – chacun y a son intérêt, du conflit ukrainien (il est question d’armement) aux transferts de technologie.

La Maison Blanche tente de faire les gros yeux.

 

Poutine veut plus d’armement pour sa guerre en Ukraine

Les choses, là, se précisent. Selon des sources américaines citées par le New York Times, le dirigeant de la Corée du Nord prévoirait de se rendre en Russie, la semaine prochaine, pour rencontrer Vladimir Poutine afin de discuter d’un éventuel contrat d’armement pour sa guerre en Ukraine et d’autres coopérations militaires. Il irait probablement, en train blindé, à Vladivostok, sur la côte Pacifique de la Russie, pour assister au Forum économique de l’Est, qui doit se dérouler du 10 au 13 septembre. Une délégation nord-coréenne s’est récemment rendue sur le territoire russe pour planifier cette visite.

Alors, la Russie ne confirme, ni n’infirme… « Nous n’avons rien à dire sur ce sujet », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, en réponse à des journalistes. Sauf qu’il y a quand même quelques gros indices. Kim Jong-un ne se permettant que de rares incursions hors de son pays, l’enjeu serait de taille. Il s’agit d’ailleurs de sa première sortie officielle du territoire nord-coréen depuis le début de l’épisode Covid-19.

Que veut Poutine, selon ces informations américaines ? Des obus d’artillerie et des missiles antichar. Kim Jong-un souhaiterait pour sa part une technologie avancée pour les satellites et les sous-marins à propulsion nucléaire, ainsi qu’une aide alimentaire pour son pays.

 

La résurrection d’une alliance traditionnelle contre un adversaire commun : les Etats-Unis

La Maison blanche montre une effervescence notable. Mercredi dernier, le porte-parole en chef du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, avait déjà alerté sur des échanges de lettres entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine. Washington assure savoir que « Kim Jong-un souhaite que ces négociations continuent, avec notamment un échange diplomatique au plus haut niveau en Russie ».

« Nous exhortons la Corée du Nord à cesser ses négociations sur les armes avec la Russie et à respecter les engagements publics pris par Pyongyang de ne pas fournir ni vendre d’armes à la Russie », a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson.

Les Etats-Unis ont déjà œuvré de semblable manière, au début du confit ukrainien, en publiant des renseignements déclassifiés, pour tenter de dissuader la Corée du Nord, la Chine et d’autres pays de fournir des armes à la Russie – ce qui avait apparemment fonctionné pour Pyongyang. Cette fois, il s’agirait même de renseignements non déclassifiés ou déclassés, ce qui traduit l’urgence de l’affaire.

Pour le principal chercheur américain sur les Corées au Wilson Center, « le renforcement de l’alliance Russie-Corée du Nord arrive à un moment opportun pour deux pays ayant très peu d’alliés et un adversaire commun, les Etats-Unis. C’est la résurrection d’une alliance traditionnelle qui sert les intérêts stratégiques de Poutine et de Kim ».

 

Kim Jong-un veut « tenir la main » du président de la Russie

Une alliance dont on a déjà pu apprécier les multiples indices.

Kim Jong-un a envoyé à Poutine un message de félicitations, en juin, à l’occasion de la fête nationale russe dans lequel il s’est engagé à « tenir la main » du dirigeant russe et a promis que le peuple russe bénéficierait du « plein soutien et de la solidarité » de la Corée du Nord. En juillet, le ministre russe de la Défense s’est déplacé en personne pour la célébration du 70e anniversaire de la « victoire » sur les forces sud-coréennes et américaines en Corée – première visite d’un ministre russe de la Défense depuis la fracture de l’Union soviétique en 1991…

C’est tout ce que les Etats-Unis redoutent. Dissuader la Corée du Nord, l’Iran et la Chine de soutenir la Russie est un élément essentiel de la stratégie de l’administration Biden visant à contrer l’action russe dans le conflit ukrainien.

La Chine, pressée en février par le secrétaire d’Etat Antony J. Blinken de ne pas fournir d’armement létal, a transféré des technologies mais n’a pas encore envoyé de drones ou d’armes lourdes à l’armée russe, ont déclaré des responsables américains. L’Iran a, lui, fourni des drones et aide la Russie à construire une usine de drones. Mais les responsables américains estiment que leurs avertissements ont contribué à inciter l’Iran à reconsidérer son projet de fournir des missiles balistiques à la Russie, du moins jusqu’à présent.

Les Etats-Unis auront-ils la même influence sur la Corée du Nord ?

 

Clémentine Jallais