L’échec de la mondialisation analysée par un site anti-libéral

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Une tribune publiée par Graham Vanbergen du site britannique TruePublica, et reprise par Axis of Logic, pose la question : quel est le bilan d’une décennie de mondialisme accéléré ? C’est un « échec dramatique », répond l’article, dès son titre. Cette voix s’ajoute à un concert de plus en plus nourri de réflexions sur les effets pervers du mondialisme, accompagné d’une pression des pays « émergeants » notamment en faveur de réformes, tout aussi mondialistes, qui assureraient à chaque citoyen du globe une meilleure participation aux bénéfices des échanges mondialisés. La logique de l’article est plutôt de gauche, et il faut le lire avec un œil critique. Mais ses constats méritent qu’on s’y arrête.
 
Dans un premier temps, Graham Vanbergen souligne que le « modèle » de la globalisation est un échec patent, si l’on veut bien mesurer ses effets : « la démocratie, la croissance économique, la liberté et les échanges des visions du monde et de la culture » dont on nous promettait qu’ils allaient enrichir la planète entière n’ont pas été au rendez-vous au cours de ces dernières dix années. Tout cela a été « quasiment abandonné au profit d’une mainmise d’acier de la globalisation fondée plutôt sur les principes propres au monde de l’entreprise : la puissance et la cupidité qui ont provoqué la guerre, le terrorisme, une crise des réfugiés aux proportions bibliques, la peur, et la présence d’une caste médiatique totalement cooptée ». L’auteur omet de mentionner le pouvoir colossal que les institutions internationales mondialistes et socialistes ont accumulé pendant cette période : Europe, ONU, etc.
 

Un site anti-libéral analyse la perte de liberté et de sécurité liée à la mondialisation

 
Il cite la récente publication par The Economist de son indicateur annuel de la démocratie, aux termes duquel seul 20 pays sur 167 sont aujourd’hui des « démocraties à part entière », soit moins de 13 % à l’échelle du monde. Et ce alors que l’Amérique a « gracieusement imposé tant de démocratie dans le monde »…
 
Pour Freedom House, 72 pays ont subi une diminution des libertés au cours de la dernière année étudiée (le total pour la décennie écoulée est de 105). Le Proche-Orient, l’Afrique du Nord et « l’Eurasie » font parti des plus atteints en 2015. L’« état de droit » est à la baisse. A cela correspond une surveillance de plus en plus rapprochée de la presse, selon le World Press Freedom Index.
 
En 2015, selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, une personne sur 113, soit 65,3 millions de personnes, ont été contraintes de quitter leur foyer en raison de conflits et de persécutions : c’est bien plus qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et quatre fois plus qu’il y a dix ans.
 

Plus de droits pour les multinationales : la mondialisation est un échec pour les personnes

 
Le nombre d’esclaves, assure l’auteur de la tribune, est aujourd’hui bien plus élevé dans le monde qu’au début du XIXe siècle : 44 millions aujourd’hui contre 11 millions alors. L’Inde, la Chine, Pakistan, le Bangladesh et l’Ouzbékistan abritent le plus grand nombre d’entre eux. « Il ne faut pas oublier que ces pays fournissent le travail “low-cost” qui produit des biens de consommation pour les marchés de l’Europe occidentale, du Japon et de l’Amérique du Nord », précise-t-il.
 
La mondialisation va aussi de pair avec une explosion du nombre des morts dus au terrorisme, avec son corollaire : la mise en place de mesures de surveillance et de contre-espionnage « dont on abuse au nom de la sécurité », au détriment des libertés civiles et des droits.
 
Vanbergen observe qu’aujourd’hui, 147 sociétés transnationales contrôlent 40 % des échanges globaux, tandis qu’aux Etats-Unis, dix sociétés seulement produisent la quasi-totalité des aliments manufacturés : une situation appelée à s’aggraver avec la mise en place du Traité transatlantique, du Partenariat transpacifique, de CETA (l’accord de libre-échange entre l’Union européenne Canada).
 
Pour autant les sociétés transnationales n’emploient que 20 millions de personnes dans le monde, alors que 1,8 milliards d’adultes sont sans emploi, regrette-t-il.
 

Remplacer l’anarchie des riches et des puissants par une mondialisation socialiste

 
Il appelle cela  l’anarchie des riches et des puissants » qui prend le pas sur la « démocratie sociale » privée de ses ressources par l’évasion fiscale plébiscitée par les grandes sociétés, qui comptent pourtant sur les systèmes sociaux pour « élever, instruire et soigner leurs propres travailleurs ».
 
Le diagnostic est sans appel, même si l’on peut rester sceptique face aux solutions suggérées qui passent logiquement par la redistribution des richesses et de plus en plus de socialisme. En fait, on voit ici se dessiner la prochaine étape de la mondialisation, rendue  désirable » par le chaos actuel.
 
Vanbergen évoque également l’indice de bonheur planétaire, le Happy Planet Index qui mesure le « bien-être durable » en combinant quatre données : le sentiment de bien-être, l’espérance de vie, l’inégalité des trajectoires de vie, et l’empreinte écologique. Ce ne sont pas des pays développés qui atteignent les meilleurs scores. Le gagnant toutes catégories, et ce pour la troisième fois d’affilée, est le Costa Rica, minuscule nation dont la population se dit plus heureuse de vivre que celle des grandes  démocraties occidentales », malgré un revenu par tête trois fois plus modeste qu’aux Etats-Unis.
 

Le socialisme mondial – ou le respect de la vie ?

 
C’est parce que le Costa Rica a su abolir son armée en 1949 et allouer ses dépenses militaires à l’éducation, à la santé et aux pensions, assure l’auteur. Il a également modifié son modèle énergétique : 95 % de l’électricité y proviennent de sources  renouvelables ». Un vrai exemple, assure ce mondialiste de gauche : il est en cela parfaitement aligné sur le discours des nouveaux globalistes adeptes de la décroissance et de l’interventionnisme étatique.
 
Mais s’il est vrai que les Costaricains se sentent en moyenne plus heureux que les autres, on peut noter avec l’auteur que la société de ce pays – à très forte majorité catholique, ce qu’il omet de dire – se distingue par la force et la densité de ses liens familiaux et des liens humains d’amitié et de voisinage. Ce qui semble indiquer que l’amour du prochain est un facteur déterminant dans le bonheur des peuples, indépendamment de la prospérité matérielle. La sagesse populaire n’a pas eu besoin d’enquêtes pour dire que l’argent ne fait pas le bonheur…
 
Autre chose que l’article ne dit pas : le Costa Rica interdit l’avortement de manière quasi générale, et il est même régulièrement montré du doigt par les organisations mondialistes et les nations « développées » pour cette raison, d’autant que les exceptions relatives à la santé de la mère sont rarement mises en œuvre, le corps médical costaricain, fortement catholique, étant très largement objecteur de conscience.
 
Une nation heureuse, qui ne tue pas son avenir en éliminant ses enfants, voilà qui fait désordre dans le monde globalisé d’aujourd’hui…
 

Anne Dolhein