Le Musée du Quai Branly fête ses dix ans d’existence. Il a pour l’occasion trouvé enfin un nom, et s’appelle désormais Musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Cet établissement est consacré à ce que l’on nommait il y a peu « arts primitifs », de façon plus récentes « arts premiers », puis qu’à force de politiquement correct, l’on n’arrive tout simplement plus à nommer. Le Musée propose dans ses collections permanentes des témoignages intéressants, et parfois précieux – en particulier ceux de la culture originale papoue de Papouasie Occidentale, systématiquement détruite par l’Indonésie musulmane colonisatrice – des cultures primitives de l’Humanité ; il comporte aussi des objets relevant plutôt du folklore, pour le monde arabe ou le monde chinois ou sinisant. Jacques Chirac a été animé d’une authentique passion culturelle pour ces sujets. Elle est en soi plutôt sympathique, et tranche avec le vide culturel évident de ses successeurs, Nicolas Sarkozy comme François Hollande. Il n’est toutefois pas totalement innocent qu’un homme politique soit passionné de tous les arts, sauf les arts européens. Mais connaître vraiment le Japon ou la Chine peut avoir son utilité pour un dirigeant politique dans le monde d’aujourd’hui.
Jacques Chirac ou le dialogue des cultures est à fuir absolument.
Le problème de l’exposition Jacques Chirac ou le dialogue des cultures est qu’il ne s’agit pas d’un simple hommage à son fondateur, ou à la façon dont il a personnellement et constamment veillé à la constitution du Musée, de son fonds aux bâtiments et aux modes d’exposition. L’exposition propose, à travers de multiples références parfois un peu artificiellement ramenées au parcours personnel, depuis l’enfance puis en politique, de Jacques Chirac, un programme de reconstruction de la Nation française, comme Nation-monde : toutes les cultures du monde entier construiraient en parts égales l’Histoire de France et la culture française, d’où la présence surprenante, tout de même, de rares sculptures gréco-romaines et médiévales. Le visiteur a l’impression de visiter une illustration du programme politique de la « France métissée » de Benoît Hamon, candidat de la gauche du parti socialiste aux primaires de cette sensibilité politique. Jacques Chirac, issu du radical-socialisme corrézien, très marqué évidemment par la franc-maçonnerie, s’intégrerait pleinement dans cette gauche cosmopolite. Ce point de vue n’est pas absurde, mais il fait abstraction du fait que Jacques Chirac avait été censé représenter non la gauche mais la droite française ; les quelques déclarations « de droite » du personnage, qu’il a pu prononcer entre 1977 et 1990 sont tout bonnement absentes.
Quant aux objets d’art, ils ne sont absolument pas mis en valeur dans un bric-à-brac volontaire, qui par principe mélange absolument tout.
A moins d’être un socialiste militant, l’exposition Jacques Chirac ou le dialogue des cultures est donc à fuir absolument.
Hector JOVIEN
Jacques Chirac ou le dialogue des cultures :
Musée du Quai Branly, 37 quai Branly, 75 007 PARIS
Jusqu’au 9 octobre
Ouvert tous les jours sauf lundi de 11h à 19h
Tarif : 9 Euros