Pour être opérationnel, l’accord de Paris sur l’environnement signé après la Cop21 doit être ratifié par des pays émettant 55 % des gaz à effet de serre : aussi la ratification par les deux plus gros pollueurs, les Etats-Unis et la Chine, était-elle capitale. Pour l’obtenir, Obama n’a pas hésité à se comporter en dictateur en passant par dessus le Congrès des Etats-Unis.
La Chine est un pays démocratique à sa manière : le Congrès national du peuple a été saisi à propos de l’accord sur l’environnement signé en novembre 2015 à l’issue de la réunion de la Cop 21 à Paris, et il en a autorisé la ratification. Même procédure, mais pas encore aboutie, pour les pays de l’Union européenne, ce qui explique que la ratification traîne et que la France soit la seule puissance du continent à s’y être résolue. Concernant la Chine, on sait bien sûr que ce Congrès national du peuple est sous la coupe du parti communiste, mais les formes constitutionnelles et diplomatiques ont été respectées. Il n’en va pas de même pour les Etats-Unis : Barack Obama a pris sous son bonnet la ratification, sans la soumettre au congrès US. Même s’il ne joue pas avec le globe terrestre comme Charlot dictateur, le président des Etats-Unis a le même mépris que lui pour les usages constitutionnels.
Cop21 : les Etats-Unis et la Chine, poids lourds des accords de Paris
L’enjeu n’était pas maigre : à quelque temps du G20, l’accord de Paris signé voilà près d’un an n’avait encore connu la ratification que dans une vingtaine de pays émettant ensemble moins de 1 % des gaz à effet de serre. C’était un échec diplomatique pour Paris, pour Laurent Fabius, et la camarilla mondialiste : sans ratification, un accord, même acquis au son du tam-tam, reste lettre morte et finit par tomber en désuétude. Or, pour que l’accord de Paris devienne contraignant, ce qui est le but des élites mondialistes qui l’ont promu, il faut qu’il soit ratifié par un groupe de pays émettant 55 % au moins de ces gaz à effet de serre. Il se trouve que les Etats-Unis et la Chine en émettent à eux seuls plus de 40 %. La ratification qui vient de leur être arrachée relance donc complètement l’accord de Paris sur l’environnement, et, après les débats parlementaires nationaux et le vote du parlement européen à la mi-octobre, la barre fatidique pourrait être franchie dès le mois de novembre et l’accord prendre effet. Ségolène Royal, notre ministre de l’environnement, s’est dite « pleine d’espoir » à ce sujet dans un entretien qu’elle a accordé samedi à LCI et France Info.
Comment Obama dictateur viole la constitution des Etats-Unis
Elle s’est donc réjouie haut et fort de la ratification de l’accord par la Chine et les Etats-Unis. Mais elle n’a pas soufflé un mot du fait que la ratification américaine était la décision du seul Obama, sans passage devant le Congrès – et le journaliste qui l’interrogeait n’en a rien dit non plus. Etrange silence. Car Barack Obama n’avait nul droit de décider tout seul de la ratification. Il a violé pour ce faire les usages diplomatiques et la constitution américaine. Il s’est rendu coupable sans conteste possible d’une forfaiture qui, en d’autres lieux, en d’autres temps, aurait dû lui valoir la Haute Cour.
L’homme est un multirécidiviste du mépris des formes constitutionnelles. A plusieurs reprises lors de ses deux mandats, on l’a vu gouverner, faute de majorité, par « executive orders », sortes de décrets ou d’ordonnances présidentiels. Donald Trump a d’ailleurs promis d’abroger, s’il est élu, l’un des plus grossièrement illégaux, « l’amnistie » régularisant cinq millions de clandestins. Mais jusqu’à présent, ce comportement de dictateur ne se donnait carrière qu’en politique intérieure. Il s’étend maintenant à la politique étrangère, Anne Dolhein en a esquissé ici-même l’analyse jeudi dernier.
De la Chine à l’UE, les accords de Paris tenus pour contraignants
La constitution des Etats-Unis permet au président de ratifier par sa seule signature ce que l’on appelle là-bas les « accords exécutifs » de portée restreinte. La Maison Blanche feint de croire que l’accord de Paris sur l’environnement est un « accord exécutif », et invoque en conséquence « l’autorité utilisée des dizaines de fois » pour justifier la procédure suivie par Obama et rendre « le pays partie de l’accord de Paris ». Mais c’est un stratagème qui ne convainc personne : tous les autres pays du monde considèrent en effet l’accord de Paris comme « un traité international de force contraignante ». Deux éléments évidents et importants le montrent : le langage employé dans le texte négocié à Paris d’une part, et d’autre part les procédures choisies, de la Chine à l’Union Européenne, pour obtenir sa ratification. Obama outrepasse donc son mandat de président, qui est d’exécuter les lois et traités, non de les voter, ce qui est du ressort exclusif du Congrès des Etats-Unis, seul habilité donc à décider la ratification.
La ratification du traité de Versailles refusée par le Congrès des USA
L’histoire diplomatique des Etats-Unis confirme la chose avec éclat. L’un des exemples qui nous parle le plus à nous Français est la non ratification du traité de Versailles par le Congrès américain, un traité qui portait pourtant la marque du président Woodrow Wilson. Mais bien que celui-ci l’ait voulu et même imposé aux Européens, jamais il n’aurait pensé avoir le pouvoir suffisant pour en signifier la ratification sans passer par le Congrès des Etats-Unis. Barack Obama, lui, s’est senti assez puissant dictateur pour le faire. C’est que la politique a changé de nature en un siècle, et que les élites qui nous gouvernent ont jeté le masque démocratique, elles se sentent désormais assez fortes pour imposer leur programme et leur calendrier (elles regroupent les deux sous le mot agenda, venu du latin par l’anglais, pour cette acception), sans se soucier de la volonté populaire, ni même, de plus en plus, des formes parlementaires.
L’environnement religion et moyen de la théocratie mondialiste
Dans l’entretien où elle s’est félicitée de la ratification du traité de Paris par la Chine et les Etats-Unis, Ségolène Royale a manifesté cette superbe des élites et dévoilé un peu leur objectif. Après avoir débité les habituelles fadaises sur la transition énergétiques, notre ministre de l’environnement a énuméré quelques unes des prétendues conséquences du prétendu changement climatique, dont « le déplacement massif de populations (…) et les guerres », avant de conclure, solennelle : « Agir pour le climat, c’est agir pour la paix. »
Les paroles de Ségolène Royal sont aussi importantes que ses silences. En se taisant sur la forfaiture d’Obama, qui, en violant la constitution américaine, impose la ratification de l’accord de Paris à des Etats-Unis qui n’en veulent pas, elle montre que, comme le journaliste qui se tait lui aussi, elle n’est qu’un pantin aux mains d’une super caste mondiale qui impose, avec sa politique, sa vérité. En faisant de l’écologisme un impérieux devoir moral, elle avoue que l’environnement est le domaine clé de la propagande et de l’action mondialistes. Ici, nous sommes devant une théocratie naissante : car l’environnement n’est plus seulement une politique, c’est une religion. Et cette théocratie verte s’embarrasse de moins en moins des apparences de la démocratie qu’elle a longtemps gardées.
A Paris, aux Etats-Unis, en Chine, le mondialisme est implacable
Depuis sa fondation en 1875, la république française, et les politiciens qui en vivent et s’en servent, ont deux visages apparemment opposés. L’un est frivole, clochemerlesque et farfouillouse : des élus coureurs de prébendes, assoiffés de leur propre ego, semblent et sont incapables de prendre les décisions que le pays attend, occupés qu’ils sont de leurs intérêts, de leur réélection, du court terme. L’autre est discipliné et implacable : la discipline républicaine fonctionne, la pensée maçonne est vigilante, les objectifs à long terme, qu’il s’agisse d’éducation nationale, de réformes sociétales, de politique étrangère, sont maintenus et atteints malgré les vicissitudes. Nos politiciens, contrairement à l’image qu’ils ont volontairement laissé répandre d’eux, savent très bien ce qu’ils veulent et où ils vont. Ils sont démagogues, mais ne sont nullement le jouet de leur démagogie. Rien ne les distrait de leur sillon. Le peuple refuse-t-il la constitution européenne ? On lui impose par voie parlementaire le traité de Lisbonne.
Il en va de même, de plus en plus, aux Etats-Unis : le Congrès risque-t-il de refuser l’accord de Paris ? Obama dictateur l’impose par sa seule signature. La question est de savoir si la vie publique est aussi dégradée aux Etats-Unis que dans l’ancien continent ou en Chine, ou si les citoyens américains éliront un jour un président et un Congrès qui oseront un jour dénoncer des accords de Paris ratifiés dans de telles conditions.