L’Assemblée nationale du Vietnam remet à plus tard le débat sur la ratification du partenariat transpacifique (TPP)

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Tandis qu’en Europe et en Chine on dénonce les dispositions et les risques du Traité transatlantique (TAFTA ou TIPP), son traité « frère », le TPP ou Partenariat transpacifique est lui aussi dans le collimateur. L’agence d’information d’État russe Sputnik a publié lundi une analyse des raisons pour lesquelles l’Assemblée nationale du Vietnam vient de remettre à plus tard le débat parlementaire sur la ratification de ce partenariat qu’Obama espérait pouvoir mettre en place avant la fin de son deuxième mandat. Il est clair que, pour diverses raisons, les gigantesques traités de libre-échange négociés dans le secret sous l’impulsion des États-Unis au cours de ces dernières années font l’objet d’un tir de barrage qui vient à la fois de ceux qui luttent pour la préservation des frontières et des souverainetés nationales, et d’une extrême gauche prompte à traquer l’américanisme au nom des droits des travailleurs.
 

L’Assemblée nationale du Vietnam retarde la ratification du TPP

 
Que des médias russes se soient fortement impliqués dans cette lutte est un fait intéressant, même s’il ne doit pas faire croire que TPP et TIPP assureraient, comme l’affirment publiquement nombre de pays émergents regroupés autour des nations historiquement communistes, l’hégémonie des Etats-Unis. Les Américains aussi – en tout cas ceux qui sont attachés à la souveraineté de leur nation – dénoncent les dangers que leur ferait courir un libre-échangisme frénétique avec des pays propre à accélérer le rythme des délocalisations des industries des Etats-Unis et la perte de commandes pour les entreprises domestiques, dans le cadre d’organismes supranationaux dotés de dangereuses compétences de juridiction.
 
 L’aboutissement des négociations autour du Partenariat transpacifique a eu lieu en octobre dernier, et les partenaires ont encore deux ans pour procéder à la ratification. Il s’agit de Brunei, du Canada, du Chili, du Japon, de la Malaisie, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, du Pérou, de Singapour, des États-Unis et du Vietnam, qui ensemble représentent 40 % environ du PIB mondial.
 

Levée de boucliers gauchiste contre le Partenariat transpacifique

 
Le président du parlement vietnamien, Nguyen Thi Kim Ngan, a expliqué le refus d’examiner le texte par la nécessité de mieux évaluer la situation globale et les choix des autres pays membres, et d’attendre le résultat de la prochaine élection présidentielle américaine.
 
Mais les vraies raisons vont au-delà, assure Vladimir Mazyrine de l’Institut des études extrême-orientales dans un entretien avec Sputnik, et tiennent compte notamment du fait que les deux candidats à l’élection américaine, Trump et Clinton, se disent opposés au TPP.
 
Le Vietnam n’est ainsi pas disposé à accepter la mise en place d’un nouveau système de syndicats de travailleurs qui ne soient pas contrôlés par l’État, selon Mazyrine. Par ailleurs, le Partenariat transpacifique impose des normes de qualité plus basses que celle existant actuellement, alors que déjà, des sociétés transnationales américaines œuvrent pour la promotion des technologies des ONG dans l’industrie agricole vietnamienne, ce qui risque à terme de rendre plus difficile l’exportation de ses produits vers le marché européen et vers l’Union économique eurasiatique.
 

Le globalisme socialiste, rempart contre les traités libre-échangistes ?

 
Vraies raisons ou pas – alors que le TPP permettra précisément le dumping social dont le Vietnam à toute raison de vouloir profiter – la mobilisation contre des accords devenus impopulaires à mesure qu’ils ont été mieux connus, notamment en Occident, produit des effets. Cela s’inscrit dans le rejet public et médiatique assumé d’un libre-échangisme et d’un globalisme délétère, mais c’est en créant l’illusion que les pays socialistes et communistes sont les mieux placés pour défendre l’homme de la rue contre les prédateurs libéraux. En cela, c’est une attitude qui est en soi favorable au globalisme socialiste.
 

Anne Dolhein