La justice française a validé mardi le principe d’un démantèlement rapide de la jungle de Calais, rejetant en pratique le recours déposé par certaines associations humanitaires qui en critiquaient, dans le plan du gouvernement socialiste, les modalités. On va donc disperser un peu partout les migrants qui occupaient jusqu’ici ce camp devenu tristement célèbre, et, puisqu’ils semblent toujours courir, les violeurs qui, la nuit précédant cette décision, ont sauvagement agressé une femme interprète qui accompagnait, pour un reportage, un journaliste de France 5.
Le gouvernement s’est évidemment réjoui de cette décision de justice qui va dans le sens qu’il avait décidé. Bernard Cazeneuve a en effet aussitôt indiqué que ce démantèlement était désormais une question de jours, promettant une mise à l’abri dans des conditions dignes des migrants vivant jusqu’ici dans cette jungle.
Le démantèlement de la jungle de Calais confirmée par la justice
Ce faisant, le ministre de l’Intérieur répond très exactement, et quasiment en propres termes, à la demande du tribunal administratif de Lille, qui a donc estimé lui aussi que le principe même du démantèlement de la fameuse jungle ne contrevient pas au principe de prohibition des traitements inhumains et dégradants.
Plus encore, la déclaration de Bernard Cazeneuve vient appuyer la promesse faite par François Hollande fin septembre de démanteler complètement d’ici la fin de l’année le camp de migrants de Calais. Président encore ou déjà candidat ?
On applaudira certes à cette volonté manifeste et généralisée de lutter contre la précarité et l’insécurité, telles qu’elles existent aujourd’hui dans la jungle.
Mais on peut s’interroger cependant sur la portée des discours tant de la justice que du ministre de l’Intérieur, qui ne semblent pas considérer la question du viol de cette interprète, violée dans la nuit de lundi à mardi par trois Afghans de la jungle.
Une interprète agressée par des violeurs
La femme, interprète en pachtoune d’origine afghane, et mère de famille, a donc été violée sous la menace d’un couteau, tandis que le journaliste qu’elle accompagnait était maintenu à l’écart par des complices. Les coupables sont « a priori trois migrants, selon les déclarations des victimes » – qui ont, dès que cela leur a été possible, porté plainte au commissariat de Calais – selon les propos très prudents du parquet de Boulogne-sur-Mer qui semble concevoir que d’autres personnes se plairaient à se rendre dans cette jungle malgré l’insécurité qu’on y dénonce en permanence. Ils sont toujours activement recherchés par l’antenne locale de la police judicaire à laquelle l’enquête a été confiée.
En attendant, ces criminels se promènent toujours. Et vont, avec les milliers d’autres migrants de la jungle, se trouver disséminés dans des villes françaises. Et l’on s’étonne que la population, pas plus que les édiles des villes et villages concernés, ne manifestent guère d’enthousiasme à cette perspective ?