Le Ciel attendra entend retracer le drame actuel des jeunes filles qui partent pour la Syrie, afin d’y épouser un prince charmant djihadiste, relevant soit du Califat soit des rebelles de Syrie du Nord faussement dits modérés. Il y a là un vrai sujet d’actualité, concernant des centaines, voire des milliers d’adolescentes. Le problème majeur est qu’il est traité sous la forme de la propagande la plus grossière, en particulier en faveur de Mme Dounia Bouzar, véritable vedette du film, et actrice bien connue de la « déradicalisation ». Cette entreprise, aux effets réels du reste fort discutés, vise à transformer des jeunes musulmans extrémistes en bons musulmans, « modérés », à l’aide de citations coraniques et de jurisprudence islamique. Il faut surtout qu’ils restent musulmans, deviennent non des excités dangereux pour eux-mêmes ou autrui, mais de « bons musulmans ». Cette entreprise peut-être estimable ou sympathique au Maroc ou en Jordanie, ne l’est plus vraiment, à notre avis, en France, où elle participe de l’islamisation, de préférence en douceur, de notre pays. Les « convertis » sont particulièrement encouragés à persévérer dans l’islam.
Les lourdes insertions permanentes du message de « déradicalisation » visent à contrer le sens pourtant évident du phénomène. Il rappelle que l’islam en soi est dangereux, et particulièrement dangereux dans sa lecture la plus littéraliste. En français, il y a une reprise de termes utilisés par le christianisme, comme Dieu, la grâce, le salut, le Paradis, l’enfer. Mais toutes ces notions sont complètement faussées, et veulent dire autre chose, voire le contraire de ce qu’elles signifient pour les chrétiens. Elément juste pour notre époque, et tristement révélateur, une jeune fille française en quête spirituelle, croyant de manière vague en Dieu et en l’immortalité de l’âme, rejette d’emblée par réflexe pavlovien bien implanté, la messe et les prêtres catholiques…
Le Ciel attendra reprend docilement les canons exaspérants de propagande immigrationniste
Il y a donc quelques éléments vrais malgré tout dans Le Ciel attendra. Elever les enfants sans véritable éducation religieuse chrétienne peut les conduire à l’adolescence à mener des recherches spirituelles dans des directions dangereuses. Les salafistes, qui ne présentent pas souvent comme tels, sont en effet faciles à trouver sur internet pour qui le veut.
Par contre la « radicalisation » ne s’effectue pas uniquement ou principalement sur internet, même si elle peut atteindre quelques esprits fragiles ou manipulables. Les « convertis », d’origine européenne, s’ils existent effectivement, sont toutefois très surreprésentés dans Le Ciel attendra. Il ne faudrait surtout pas faire « l’amalgame » interdit entre islamisme radical et immigration d’origine musulmane…Toutes les questions qui pourraient fâcher, comme la convergence entre la propagande djihadiste anti-Assad et celle des médias ou des gouvernements des pays européens, ne sont absolument pas posées. Cette œuvre quasi-officielle ne saurait donc convaincre par son strict respect, exaspérant, des canons de propagande.