Affaire Louis Smith : au Royaume-Uni, l’islam s’aménage un privilège anti-blasphème de facto

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Les dernières lois anti-blasphème du Royaume-Uni ont été abrogées en 2008, mais un nouveau dispositif se met discrètement en place. Ce n’est pas une loi, mais plutôt un privilège de facto qui protège une seule catégorie religieuse, celle de l’islam. En pratique, il devient de plus en plus difficile de critiquer l’islam dans le pays, chose que la presse et les institutions publiques ont parfaitement intégrée. On en a eu un exemple spectaculaire mardi dernier lorsque British Gymnastics a suspendu le médaillé olympique Louis Smith pour deux mois pour avoir mis en ligne une vidéo où il faisait semblant de prier en criant Allahu Akhbar en compagnie d’un autre gymnaste aujourd’hui à la retraite, Luke Carson. Les deux hommes, pris de boisson, étaient hilares.
 

Louis Smith, sanctionné pour avoir moqué l’islam, fait son auto-critique

 
Pour ce crime de lèse-majesté, le médaillé d’argent de Rio a été vertement rappelé à l’ordre. Il avait déjà présenté des excuses, tweetant le 9 octobre dernier : « Je ne me défends pas, ce que j’ai fait était mal… je reconnais la gravité de mon erreur et j’espère qu’elle pourra être utilisée comme exemple pour montrer combien il est important de respecter les autres à tout moment. J’ai appris une importante leçon de vie et je présente mes excuses de tout cœur. »
 
Suivit un pèlerinage d’expiation : à l’heure où avait lieu une parade de l’équipe olympique britannique dans les rues de Londres, Louis Smith se rendait dans une mosquée. « Les gens étaient si compréhensifs et accueillants. Nous avons discuté de mes actes et ils m’ont montré le vrai message de leur religion de paix », expliquait-il à l’issue de sa visite.
 
La National Secular Society (NSS, Association laïque nationale) est scandalisée par ces incidents : intervenant sur talkRadio, son porte-parole Benjamin Jones a dénoncé cette nouvelle loi anti-blasphème de fait, qui frappe les moqueries à l’égard de l’islam. « Il nous faut contrer ce tabou culturel contre la moquerie à l’égard de la religion – mais soyons clairs, je dis religion, mais en réalité l’islam essaie de se mettre dans une catégorie spéciale, voilà le problème », a-t-il dit. « En gros, les autres religions du pays, en particulier le christianisme, ont accepté les victoires durement gagnées par les Lumières, le fait que le la religion ne se trouve pas au sein d’une catégorie spéciale qui la met à l’abri des critiques et de la moquerie. »
 

Au Royaume-Uni, la loi anti-blasphème est abolie ; sauf pour l’islam

 
Le blasphème, qui prend délibérément Dieu pour cible, est le plus grave des péchés, comme le rappelle Saint Thomas d’Aquin. Nos sociétés totalement sécularisées n’en font plus un délit ou un crime public, ce qui n’ôte rien à la gravité personnelle de cette faute. Mais dans le même temps, le laïcisme finit par faire le lit de l’islam, comme on le voit dans cette critique exprimée par des laïcistes qui ne l’ont pas compris, à propos de l’état d’une société qui, à force de relativisme, ne sait plus protéger ce qui est vrai ni établir une hiérarchie entre les cultures et les religions. Ce dont l’islam sait parfaitement profiter.
 
Selon Benjamin Jones, porte-parole de la NSS, le code de conduite qu’invoque la Fédération britannique de gymnastique est insupportable, qui interdit aux athlètes « toute remarque offensante ou abusive, toute blague ». « La catégorie est évidemment si large qu’elle peut contenir absolument n’importe quoi », a-t-il dit. Mais à son avis, l’affaire Louis Smith n’est qu’un élément d’un problème bien plus grave : il a ainsi cité un sondage récent montrant que 78 % des musulmans britanniques estiment qu’il devrait être interdit de publier des images de Mahomet au Royaume-Uni.
 
« Il y a une division fondamentale entre ce grand nombre de musulmans et le reste de la société. Je pense que les islamistes se sont rendus compte qu’ils ne peuvent prétendre à une loi anti-blasphème en tant que telle… Donc, ils essaient de faire accepter leur solution de remplacement, à savoir un tabou culturel. Hélas, nous constatons que des institutions comme British Gymnastics les aident dans leur projet », a-t-il déclaré.
 

L’islam britannique, privilégié, bénéficie d’un « tabou culturel »

 
Aujourd’hui, la législation britannique protège, à travers la loi sur la haine raciale et religieuse adoptée en 2006, « la discussion, la critique, les expressions d’antipathie, de déplaisir, de ridicule, d’insulte ou d’injure à l’égard de religions particulières et de leurs pratiques », carcan législatif déjà fort étroit.
 
Mais lorsqu’il s’agit de ridiculiser l’islam, c’est un autre facteur qui joue, souligne Benjamin Jones : « C’est une question de peur, les gens ont peur. Il y a tout un ensemble de gens qui tentent d’empêcher la critique et la moquerie à l’égard de l’islam… il y a un véritable danger de voir tout le monde, la presse y compris, intégrer cette loi anti-blasphème de facto. »
 
Un élu conservateur, Charles Walker, a repris l’idée en accusant mercredi le Premier ministre et les hommes politiques de détourner le regard alors que Louis Smith est actuellement victime de menaces de mort. « Lorsque les gens se moquent du christianisme dans ce pays, il présente très justement l’autre joue. Lorsqu’un jeune gymnaste, Louis Smith, se moque d’une autre religion qui est largement pratiquée dans ce pays, on le poursuit sur Twitter, dans les médias, et il est suspendu par son association. Pour l’amour du ciel, Monsieur le président de la Chambre, cet homme a reçu des menaces de mort et nous avons tous regardé ailleurs. Ma question, Monsieur le Premier ministre, est la suivante, que ce passe-t-il dans ce pays, car je n’en comprends plus les règles ? », a-t-il lancé à la Chambre lors des questions au gouvernement.
 
Theresa May a répondu en parlant à la fois de sa compréhension à l’égard du parlementaire, et de son sentiment selon lequel ceux qui exercent la liberté de parole doivent accepter de prendre la responsabilité de leurs actes. Une liberté de parole qui doit tenir compte de cette autre « valeur », selon le Premier ministre : « la tolérance à l’égard d’autrui », et « à l’égard des religions », notamment dans le cadre de la stratégie anti-extrémiste déployée par le gouvernement.
 
On ne saurait mieux dire. En répandant la terreur, l’islam impose l’absolu respect de ses croyances, de ses règles, de sa loi, et l’obtient au nom de l’égal respect à l’égard de toutes les religions.
 

Anne Dolhein