La campagne présidentielle américaine prend fin dans un délire médiatique mondial : pour soutenir sa candidate Hillary Clinton, l’Establishment, droite et gauche confondues, fait donner à fond sa propagande contre Donald Trump. L’étranger au sérail doit être abattu.
A minuit les tambours auront cessé de rouler, les pompom girls rangeront leur uniforme et moins de six électeurs américains sur dix se prépareront à choisir demain leur prochain président. Les derniers sondages donnent la candidate Clinton largement élue par les minorités ethniques et Trump non moins nettement choisi par les Américains blancs, les Peaux-Rouges n’étant pas sondés : l’Establishment mondial examinera donc avec attention le taux de participation, s’il grimpe dans les quartiers noirs ou hispaniques, Clinton aura réussi à mobiliser ses troupes par la peur de Trump, s’il monte chez les petits Blancs, Trump aura réussi son pari de réveiller l’Amérique profonde traditionnellement abstentionniste.
Clinton, candidate idéale de l’Establishment mondial
En attendant, l’Establishment aura tout fait, du premier moment au dernier, pour éliminer Donald Trump de la course à la Maison Blanche et promouvoir sa candidate Hillary Clinton. Celle-ci est sa créature idéale, puisqu’elle conjugue une formation universitaire avec le gauchiste radical Alinski, apôtre de la révolution par les minorités dites défavorisés, à une carrière d’avocate et de politicienne au service des banques, notamment Goldman Sachs.
Quant à Donald Trump, c’est quasiment la figure de Satan. Depuis le début de la campagne des primaires, les intellectuels, le show-biz, les médias, et le système bipartisan américain sont vent debout contre lui. Les habitudes américaines sont différentes des nôtres, et il n’est pas rare qu’on s’étrille assez vivement entre candidats d’un même parti lors de la primaire, mais cette fois il s’est agi de tout autre chose : dès le départ, les caciques et les permanents du parti républicain ont cherché à monter et financer un appareil anti-Trump. Sans parvenir à freiner son ascension portée par le vote populaire. Lors de la convention républicaine encore, une minorité structurée d’apparatchiks républicains a tenté de lui barrer la route.
Le système bipartisan à fond contre Trump
Cette campagne tout sauf Trump a forci après qu’il a été élu candidat du parti républicain. Très logiquement, les Démocrates d’Hillary Clinton ont axé leur propagande contre leur futur adversaire. Beaucoup moins normalement, une part importante des caciques républicains a continué à dénigrer Trump, au risque de nuire au parti. Les Bush et bien d’autres ont annoncé qu’ils voteraient Clinton.
Dans l’Utah, l’un des États clefs du scrutin (étant donne le système de vote à deux échelons, le peuple élisant de grands électeurs qui élisent eux-mêmes le président), un candidat « indépendant », Evan Mac Mullin a été suscité contre Trump. Il a le profil parfait pour prendre cette forteresse mormone et républicaine : 40 ans, lisse, propre sur lui, il a pour thème « Je suis le seul véritable Républicain dans la campagne ». Ancien de Goldman Sachs et de la CIA, ce parfait anti-Trump est calibré pour attirer l’électorat polygame puritain des mormons, choqué par les fredaines féminines prêtées à Trump par les médias.
Le show-biz en délire contre Trump
Républicains et Démocrates ne sont pas seuls réunis dans la croisade anti-Trump. Les instituts indépendants et les associations non partisanes sont nombreux à fournir les médias en études qui établissent que les promesses de Trump en matière d’impôts ou d’immigration sont ruineuses et irréalisables.
D’une manière générale, l’ensemble des moyens de communications de masse a pour candidate Hillary Clinton et n’a pas cessé une seconde de déverser sa propagande anti-Trump. Le show biz a fait sa part, de George Clooney à Beyoncé. L’inévitable Robert de Niro, grand acteur mais petit cerveau politique, a traité Trump de « cinglé », ce qui est plaisant quand on sait que l’un des principaux reproches fait au candidat républicain est son ton jugé trop agressif. Quant aux principaux journaux et chaînes de télévision, ce n’est qu’un chœur à l’unisson.
Une offensive médiatique aux ordres de l’Establishment mondial
Ce délire médiatique anti-Trump a passé l’Atlantique. La presse parisienne s’y est distinguée, et la britannique, pourtant louée à l’ordinaire pour son indépendance et son esprit critique, n’a pas rechigné à jouer sa partition. Le respectable Guardian écrit que l’élection de Donald Trump ouvrirait un « age of Darkness », un temps obscur, situant Trump quelque part entre Hitler et le moyen-âge.
En réalité, ce délire médiatique n’a rien de délirant, c’est une symphonie bien organisée avec ses leitmotiv, ses mots d’ordre, ses éléments de langage repris partout et ornés de variations avec plus ou moins de talent par chaque radio, journal ou télévision. Les vieilles routières de l’information comme moi s’amusent particulièrement de voir des gratuits comme 20 minute ou Direct matin, ordinairement consacrés au divertissement du peuple, rompre avec leurs habitudes pour diffuser de longs portraits-charges, d’ailleurs assez bien faits de l’horrible Mr Trump, alors que de grands journaux célèbres par leurs éditorialistes donnent la parole à des quidams new-yorkais pour les laisser dégorger tout le mal qu’ils pensent de l’homme.
Portrait de Trump en cauchemar de l’Establishment
Voici maintenant quelques traits de ce cauchemar de l’Establishment dans un portrait qui mêle habilement le vrai au faux. Trump n’a pas les qualités requises pour être président. C’est un sociopathe. S’il est en position d’appuyer sur le bouton c’est la fin de la civilisation. Hybride de Mussolini de Bernard Tapie, c’est un dictateur bateleur. C’est un goujat et un prédateur sexuel, il divorce et a des gestes inappropriés. En affaires, il multiplie échecs et dettes. Il ne réussit que dans la télé-réalité. Il a esquivé la guerre du Vietnam par un certificat de complaisance. Sans conviction politique, il a soutenu les Clinton mari et femme, il ne retient l’attention que par le mensonge, le scandale et l’insulte. Aussi ses censeurs élèvent-ils le ton : selon eux, il bâtit ses succès contre la vérité, les faits, la connaissance » (truth, facts and knowledge). D’ailleurs, il n’a aucune envie d’être élu, sa candidature est un « ego trip », et si d’aventure il accédait à la Maison blanche, il renierait ses promesses, notamment celle d’expulser les clandestins, il l’a déclaré en confidence à des journalistes du New York Times.
Consensus médiatique pour sauver le soldat Clinton
On comprend que cela devienne un devoir moral de se réfugier dans les jupes d’Hillary Clinton, quoiqu’elle vaille elle-même, qu’on soit de gauche ou de droite. Côté gauche, il faut oublier ses liens avec Wall Street et différents lobbies, sioniste ou militaro-industriel, et se rappeler qu’elle seule peut continuer l’œuvre d’Obama (telle est la raison de la campagne exceptionnelle du président sortant et de sa femme Michelle).
Côté Amérique profonde, il y a l’intervention du FBI dans l’affaire des courriels confidentiels défense sur sa boîte personnelle. La chose aurait dû la mener depuis des mois devant un tribunal, le FBI l’a d’abord étouffée avant de la ressortir maintenant et de blanchir Clinton. Ça lui donne un coup de pouce et cela occupe l’espace médiatique, empêche qu’on parle de choses encore plus graves, l’affaire Loretta Lynch ou les nombreuses magouilles de la fondation Clinton. Ou encore la déclaration de Bill Clinton lors d’un banquet de levée de fonds, admettant que le système bipartisan américain est « truqué » au détriment des travailleurs américains. Il s’agit donc d’un contre-feu classique : l’appareil policier est lui aussi au service de la candidate de l’Establishment américain et mondial. Il ne faut rien laisser au hasard : c’est si dangereux de laisser, si peu que ce soit, la parole au peuple.