Le Forum économique mondial veille sur nous. Sur le site weforum.org, Justine Cassell, universitaire et coprésidente du Conseil sur l’avenir global de l’informatique, répond aux questions sur les rôles qu’endosseront d’ici à moins de 15 ans les ordinateurs au terme d’une évolution de plus en plus rapide. Voici ce que feront les ordinateurs, et les manières d’assurer que cette révolution soit bénéfique pour l’ensemble de la société, et pas seulement pour les riches ou pour ceux qui participent à la « nouvelle économie ». La quatrième révolution industrielle se fait résolument sous la conduite des institutions mondialistes qui cherchent moins à avertir qu’a rassurer : elles aux commandes, tout ira bien !
De plus en plus, souligne Justine Cassell, les ordinateurs ne sont plus ces objets clairement reconnaissables posés sur nos bureaux ou transportés dans nos sacoches de portable. On les trouve partout, et ce sera de plus en plus vrai : dans les tissus, dans les voitures, les thermostats, dans les frigos. L’informatique de demain sera présente dans tous les éléments de la vie.
Le Forum économique mondial envisage l’informatique de 2030
Ce qui alimente l’enthousiasme de Justine Cassell, c’est l’Internet des objets : non pas une somme d’informations éthérées flottant autour de nos têtes, comme elle dit, mais les objets du quotidien : « Dans un avenir proche, l’ampoule lumineuse deviendra en elle-même un ordinateur, projetant de l’information plutôt que de la lumière. »
L’ADN, à cette aune, est lui-même une sorte de matériel informatique, qui sert à l’informatique biologique. A lire l’interview publiée par le Forum économique mondial, on comprend que l’idée est de faire disparaître la frontière entre la matière animée et la matière inanimée : « Un de mes collègues ici à Carnegie Mellon, Adam Feinberg, a imprimé du tissu cardiaque en 3D. Il a dessiné d’autres parties du corps sur un ordinateur utilisant des modèles extrêmement raffinés basés sur le corps humain, avant d’utiliser des techniques d’ingénierie afin de créer des organismes vivants. C’est une différence très radicale par rapport à l’infrastructure digitale que nous connaissons, et ce glissement est lui-même au service d’un glissement radical de notre manière de travailler, de vivre, et de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains », affirme-t-elle.
Les ordinateurs partout, et jusque dans les corps humains
L’informatique change et se déplace vers les objets mais aussi vers le corps humain. « Nous sommes désormais en train de mettre au point les prothèses qui n’aident pas seulement les gens à tendre le bras vers un objet, mais qui renvoient un message au cerveau au cours de l’opération… Cela change vraiment la manière dont nous pensons à ce que signifie le fait d’être humain, dès lors que nos cerveaux eux-mêmes subissent les répercussions du mouvement d’un bout de métal au bout de nos mains. »
Tout cela entraînera pour commencer un bouleversement de tous les secteurs de l’industrie. Depuis les publicités capables de comprendre vos émotions à l’aide de l’intelligence artificielle, jusqu’aux robots qui pourront « apprendre en temps réel en fonction de ce qu’ils perçoivent »… Justine Cassell imagine l’exemple d’un bras de robot capable de se reconfigurer lui-même en fonction des changements de forme des objets qu’il traite. Demain, l’ordinateur pourra avoir la taille d’un atome. Elle imagine qu’on puisse créer des médicaments constitués de nano-ordinateurs capable de poser des diagnostics et de soigner après avoir été avalés comme un simple cachet.
« Si vous pensez à l’avenir de l’informatique comme à une convergence du biologique, du physique et du digital (…) vous pouvez imaginer à quel point la vie changera », souligne-t-elle.
Le Forum économique mondial évoque la gouvernance globale de l’informatique
Avec son conseil de l’avenir de l’informatique, elle veut penser d’abord à la manière d’établir « une gouvernance pour l’innovation équitable » – le frère jumeau du développement durable, et qui part du même point de vue… Ce sera une gouvernance qui vient d’en haut ou une adhésion éthique qui vient d’en bas : on pense à la démocratie participative.
Mme Cassell appelle de ses vœux une formation humaine des techniciens qui mettront en place informatique de demain. Elle veut maintenir et préserver les infrastructures sociales, pour que l’informatique et ces nouvelles technologies puissent promouvoir « la compréhension entre nations et entre individus ».
Cette formation humaine n’a pas de sens si elle ne reconnaît pas la vraie nature de l’homme. A lire entre les lignes, on comprend que l’informatique de demain cherche plutôt à la détruire en changeant le concept lui-même.
Anne Dolhein