Le réchauffement du climat d’origine humaine reste contestable, mais ce qui ne l’est pas c’est le gaspillage d’argent public autour de cette nouvelle cause du globalisme techno-marchand. Un bel exemple nous vient du Royaume-Uni. Un rapport y démontre le coût faramineux du plan gouvernemental de lutte contre le réchauffement, de l’ordre de 350 milliards d’euros d’ici à 2030. Et une enquête dénonce le financement à fonds perdu du Fonds stratégique pour le climat qui aide les pays du Tiers-monde gangrenés par la corruption, sans qu’on connaisse les destinataires de ces sommes.
Concernant le plan britannique contre le réchauffement, qui vise à augmenter l’efficacité énergétique et à favoriser les énergies renouvelables, Peter Lilley accuse. Ce député conservateur aux Communes où il fit partie de la commission sur le changement climatique, cadre dirigeant de Tethys Petroleum, estime que la loi sur le changement climatique de 2008 « révèle au mieux une ignorance économique, au pire une escroquerie délibérée ».
Le Royaume-Uni dépense déjà des milliards en énergies renouvelables
Ces 350 milliards d’euros, dénonce-t-il, non seulement pèseront sur les impôts des Britanniques, mais manqueront à d’autres investissements essentiels. Il montre que le gouvernement a dissimulé ou minimisé le coût des politiques climatiques. Par exemple, les chiffres officiels n’impliquent que les coûts induits des énergies intermittentes (éolien, solaire), sous-estimant le besoin d’énergies fossiles de substitution dans un mix où elles constituent un appoint essentiel. Pour minimiser le coût relatif des renouvelables, le gouvernement ment aussi en disant que les prix des énergies fossiles ne peuvent qu’augmenter, alors qu’ils ont chuté.
Par ailleurs, insiste Lilley, les 350 milliards d’euros omettent le coût du transport des biocarburants, ignorent la participation du Royaume-Uni au budget de l’UE alors que ce dernier consacre un cinquième de ses dépenses aux « politiques et projets climatiques », passent sous silence la participation au développement international soit 28 milliards d’euros d’ici 2030, et exclut enfin l’impact négatif de ce basculement énergétique sur la compétitivité de l’industrie britannique.
Dans une étude sur « l’impact des politiques énergétiques et climatiques sur le budget des ménages », l’ex-ministre aux questions énergétiques, Ed Davey, s’était contenté d’évaluer les hausses des factures d’énergie, ignorant les deux tiers de cet impact, celui sur les dépenses des entreprises, logiquement compensé par une hausse des prix à la consommation. Si un supermarché dépense plus pour l’électricité de ses réfrigérateurs, il augmentera le prix de son lait. Interpellé par Peter Lilley, Davey a répondu que de nombreuses entreprises sont entre des mains étrangères… comme si cela pouvait changer quelque chose. La réduction du dividende aux actionnaires ne suffira évidemment pas à compenser l’envolée de la facture d’énergie.
350 milliards d’ici à 2030 contre le réchauffement. Mais où va l’argent ?
Par ailleurs, et c’est un effet paradoxal jamais souligné, l’amélioration de l’efficacité énergétique – autre objectif du plan britannique – serait bénéfique si elle entraînait un recul global des émissions. Or la hausse de l’efficacité énergétique… augmente généralement la consommation d’énergie, phénomène connu sous le nom de « paradoxe de Jevons ». S’ils possèdent une automobile plus économe en carburant, les gens roulent plus longtemps.
Et puis, il y a l’implication internationale des Etats développés – parmi lesquels le Royaume-Uni – dans l’aide au développement énergétique des pays pauvres. La dotation de Londres au Fonds stratégique pour le climat se rapproche de l’objectif de 0,7 % du PIB. Ce Fonds, créé en 2008 par Georges W. Bush, a été en 2015 le cinquième organisme international en matière de collecte. La Grande-Bretagne est son premier contributeur : trois milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) sur un budget de huit milliards (7,5 milliards euros).
Des milliards pour l’« efficacité énergétique » de pays gangrenés par la corruption
Les esprits chagrins se sont émus de l’opacité totale sur les destinataires finaux de ces sommes. Les Etats-Unis ont menacé de stopper tout financement. Le Times a demandé au ministère britannique du Développement international quels étaient les organismes et les personnes financés par ce Fonds et combien ils avaient reçu. Réponse : « Notre administration ne détient pas d’information correspondant à votre demande. » Le ministère renvoie au site du Fonds stratégique pour le climat. Or ce site, s’il énumère les projets concernant des pays en voie de développement, se garde de fournir les identités des bénéficiaires. Parmi les pays cités on relève Haïti, le Yémen ou le Cambodge, qui figurent parmi les vingt pays les moins bien notés par l’organisme Transparency international, qui établit un classement selon le degré de corruption.
Le ministère avait auparavant publié des données lénifiantes sur ce Fonds, affirmant qu’il « avait permis d’amener l’électricité à 15 millions de personnes dans des pays tels que le Népal, le Kenya, la Tanzanie ou le Mali ». Quand le Times a voulu en savoir plus, les fonctionnaires ont expliqué que le communiqué se basait sur un rapport du Fonds qui évoquait « une amélioration de l’accès à l’énergie » pour lesdites 15 millions de personnes, dans le cadre d’un programme pour promouvoir les énergies renouvelables. Un sabir qui en dit long sur l’opacité du système et les magouilles qu’il est susceptible de couvrir.