Le groupe parlementaire du parti populiste d’Espagne, Podemos, vient de demander à la commission mixte du Tribunal des comptes du Congrès un rapport de contrôle sur les sommes perçues par l’Eglise catholique par le biais de la récolte de l’impôt sur le revenu, et qu’il soit inscrit à l’agenda du tribunal pour cette année 2017. Plus largement, le parti de gauche veut en finir avec l’argent versé à l’Eglise par le biais de l’Etat : elle doit se financer seule, estime le mouvement politique.
Le groupe « Unidos Podemos » a fait enregistrer sa demande avec l’appui du parti socialiste espagnol, PSOE, et les centristes de Ciudadanos, après le refus des conseillers PP (Partido Popular, droite incertaine…) de la commission mixte d’engager cette démarche. « Le PP s’est opposé à l’établissement d’un tel rapport et les citoyens ont le droit de savoir ce que l’on fait avec l’argent public, jusqu’au dernier euro : l’Eglise catholique n’est pas une exception et ne le sera pas tant qu’elle continuera de recevoir de l’argent public », a déclaré l’élu Podemos chargé de la démarche, Segundo Gonzalez.
Podemos s’érige en ennemi de l’Eglise catholique en Espagne
Elle vise à obliger le Tribunal à ouvrir l’enquête qui pour l’heure ne figure pas à son ordre du jour pour 2017, publié mardi. C’est désormais le Congrès qui va devoir convoquer la commission mixte et qui a le pouvoir de la contraindre à voter pour l’ouverture obligatoire d’une information sur les fonds versés à l’Eglise dans de brefs délais.
Cette « transparence » au nom de laquelle dit œuvrer Podemos avec ses alliés dans le dossier, les socialistes et les centristes, aurait pour effet à contraindre l’Eglise de répondre de ses dépenses et de sa gestion face à l’Etat, alors même que l’attribution des fonds par le biais de la déclaration de revenus se fait de manière volontaire par les contribuables et que les sommes versées correspondent à une fraction fixe de leur impôt.
Par analogie, on pourrait imaginer que l’Etat français demande à toutes les associations cultuelles ou non bénéficiant du reçu fiscal de justifier leurs dépenses…
Un rapport de contrôle pour s’ingérer dans les affaires internes de l’Eglise
Pour Podemos, la vraie question n’est d’ailleurs pas tant de vérifier les comptes de l’Eglise – qui au demeurant, à travers écoles, hôpitaux et autres œuvres rend des services tout à fait quantifiables à la société – que de faire peser le discrédit sur elle et exiger qu’elle ne bénéficie plus de ce mode de financement.
Le groupe politique a clairement fait savoir qu’il souhaite la révision du concordat conclu en 1979 entre l’Espagne et le Saint-Siège, au nom duquel la collecte de l’impôt en faveur de l’Eglise se fait mais par lequel celle-ci s’engageait également à s’autofinancer. « Nous voulons que l’Eglise catholique, comme toutes les autres confessions, se finance avec ses fonds propres », a déclaré l’élu de Podemos.