Les dernières semaines de la présidence Obama se résumeront à une fureur de promulgation de lois et de nominations destinées à saper autant que faire se peut le mandat de son successeur. Le président-élu Donald Trump a déjà annoncé qu’il abrogerait plusieurs de ces actes une fois entré en fonctions, le 20 janvier mais leur profusion rendra l’entreprise difficile. Les sénateurs républicains s’indignent.
Ces derniers jours, l’administration Obama a inversé la politique à l’égard de Cuba, pourtant vieille de plusieurs décennies et alors que la dictature castriste est restée en place. Elle a promulgué deux décisions majeures pour réprimer les préjugés racistes dans les services de police des grandes villes. Elle a inopinément réduit les primes d’assurances hypothécaires pour des centaines de milliers d’acheteurs de logements primo-accédants à faible revenus. On a même vu les hauts fonctionnaires trouver le temps d’ajouter le bourdon à robe rouillée à la liste des espèces menacées.
La loi pour accueillir les réfugiés cubains supprimée par Obama
Pour la seule journée de jeudi, le gouvernement des Etats-Unis, qui n’avait rien d’autre à faire, a ajouté trois monuments nationaux à une liste déjà longue et élargi deux autres sites existants, parmi lesquels une forêt dans le Nord-Ouest et une école pour esclaves affranchis en Caroline du Sud. Plus grave, il a supprimé le privilège spécial d’immigration accordé depuis 50 ans aux Cubains arrivant sans visa aux Etats-Unis ; il a prononcé des sanctions contre 18 dirigeants syriens pour leur rôle supposé dans la prétendue utilisation par le régime du chlore comme arme chimique en 2014 et 2015 ; et il a accusé Fiat Chrysler d’avoir menti sur son respect des normes d’émissions sur des modèles de camions diesels. Il a aussi attribué la médaille de la Liberté au vice-président Biden. Vendredi, nouvelle rafale : décision opposée aux Etats fédérés sur les règlements concernant les cours d’eau ; loi responsabilisant l’industrie après une explosion mortelle dans un entrepôt de fertilisants en 2013 au Texas ; levée partielle de sanctions anciennes contre le Soudan islamiste ; et pour faire bonne mesure, répression des traitements « inhumains » des chevaux de parade.
Depuis le 1er octobre, Obama a promulgué plus de lois économiques importantes – dont une avec un impact économique d’au moins 100 millions de dollars – que Bill Clinton durant ses quatre derniers mois de présidence, révèle le Washington Post. Au total, Obama aura promulgué au moins 571 lois pendant ses deux mandats, 63 % de plus que George W. Bush au cours des siens. Les Démocrates adorent légiférer, comme les socialistes en France, se donnant l’impression de commander au destin.
Des lois et des nominations pour saper l’action de Trump
Le 5 décembre, 23 sénateurs républicains ont écrit à Barak Hussein Obama, demandant qu’il « cesse de promulguer des lois et réglementations nouvelles, non urgentes, au regard des récents résultats électoraux du 8 novembre ». Ils poursuivent : « C’est notre devoir que de fixer le bon équilibre entre les règlements et les principes du libre marché, et de nous assurer que le gouvernement fédéral cesse de s’interposer entre les Américains et la réussite financière. ».
Par ailleurs, de nombreux ministères ont accéléré leurs embauches durant les dernières semaines, anticipant ainsi un probable gel des recrutements dans l’administration fédérale par Donald Trump. Mardi, le président de la commission de surveillance et de réforme du gouvernement de la Chambre des représentants, Jason Chaffetz (Républicain) a écrit aux dirigeants de dix-huit agences fédérales leur enjoignant de lui fournir tous les détails de leurs recrutements en cours. On pourrait y découvrir de troublantes accointances politiques.
Fin de mandat : Obama multiplie les actes pour savonner la pente
Trump et son vice-président élu, Mike Pence, ont déclaré vouloir revenir sur plusieurs décisions majeures de l’ère Obama dès leur entrée en fonction. « Mais il leur sera quasiment impossible de toutes les supprimer au cours des mois et même des années à venir », estiment Juliet Eilperin et Brady Dennis, éditorialistes au Washington Post, organe de l’oligarchie démocrate, se félicitant que « Trump devra accepter de nouvelles limites à son propre pouvoir ». Julian Zelizer, professeur d’histoire à Princeton, résume : « Il est clair qu’Obama utilise son pouvoir exécutif de façon agressive pour en faire le plus possible durant ses derniers jours de fonction ». Aux Etats-Unis, on se prépare à une guérilla de quatre ans contre le souverainiste Trump. Obama aura prémâché le travail.
Matthieu Lenoir